10 janvier 2014

Nous autres itout

J'avais lu ce texte - À l'origine de l'accident - sur le blogue Maxime en me disant qu'il faudrait que ça paraisse dans Le Devoir puisqu'il s'agit d'une réplique au texte collectif de membres du regroupement le Moulin à paroles dont le comédien et rappeur Sébastien Ricard (Loco Locass).
Brigitte Haentjens, Sébastien Ricard et autres membres du regroupement citoyen le Moulin à paroles, «Sommes-nous un peuple?» Le Devoir, 3 janvier 2014.


Voilà qu'en ouvrant le journal dans son édition du 9 janvier, bingo!

Bien d'accord avec l'auteur. D'autant que malgré toutes les limites qu'on notera et documentera autour de notre marge de manoeuvre politique, certes des plus incomplètes pour respirer à fond et voir loin, reste que le fait d'avoir forgé et de contrôler au moins une portion d'État moderne — tiraillé par des intérêts de classe, mais indéniablement basé sur le bien commun et donc sur la Res Republica — cet exercice fait la grande différence dans notre vie collective comme peuple par comparaison avec tous nos compatriotes, frères et soeurs francophones en Amérique du Nord. Ça ne va pas s'arrêter en chemin! Encore faut-il rêver le réel absolu comme celui bien quotidien qui exige persistance et courage. La marche des peuples est lente et il n'y a ni Grand Soir national à venir, ni passé blessé, irrémédiablement castrateur. Il n'y a que des passages et des transformations d'une saison à l'autre. Il y a nos enfants. Il y a parfois, Max Catellier a raison de le souligner, de sacrés beaux printemps! Et il y aurait encore à réfléchir sur le rejet si souvent constaté de l'altitude du regard, pour dire comme Pierre Vadeboncoeur, qui animait nos ancêtres canadiens-français, ces grands métissés et ensauvagés des Amériques. 

Enfin, l'Autre, c'est aussi en partie nous autres, soit le résultat surprenant de rencontres historiques tressées de mille brins. Il n'y a pas juste eu des couteaux tirés et des maisons brûlées. Il y a eu du coeur, des Nelson, des familles nouvelles, des voisins, des amis qu'on aime. Et cela ne peut pas être seulement le propre de mes Cantons de l'Est qui a un vieux fond bleu et rouge! On souhaite toujours que la chambre d'ami soit telle, « qu'on viendra de toutes les saisons pour se bâtir à côté d'elle ». Mon pays. Voilà le pays que j'aime. Voilà le pays à faire.

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