26 avril 2014

Mot pour Michel

C’est le Père Michel tout cru 
qui n’a jamais donné sa langue aux rats
cultivateur de solitude océanique 
non coupable des horreurs du monde
récidiviste traducteur artisan 
menuisier des mots bien dessinés
avec de l’humanité de la gueule
pour faire parler toutes ses bouches
assez séquoia pour se donner de l’avenir
pour nouer amitiés de langage
bon comme du bon pain qui chante
grand-père soleil
que je paraphraserai
avec de la phrase bleue
de gâteau de fête,
si seulement je savais la faire jolie et délicieuse
épandue égale tout du long!
poète-éponge
« qui se presse lui-même »,
qui a pour son dire
« une brassée d’images fragiles »
se sachant petit homme aux grandes oreilles
qui le soir venu dans son lit
tourne avec la terre
enfouisseur de la peur 

toujours fin fouineur
enfant insatiable de la couleur du pissenlit
de l’arbre, de l’être, de l’instant
du couchant à l’aube,
cette belle fille attirante
toujours flambante et neuve
qui n’a aucune morale à cirer,
buveur de café et mangeur de crème glacée
dont on sera privé au paradis
rayonnant de la joie de chaque jour,
car il faut bien savoir en effet
que chaque jour dans la vie est unique
cela échappe aux programmateurs
des « vraies affaires »
et à moi aussi la plupart du temps
à ce propos Michel brille comme un chartrand
comme le museau de la lune dans le tonneau de la mémoire vive
il prend le soin par un beau dimanche après-midi
de nous télécopier du désir de chien, de chat, de chevals amoureux,
de comédiens
loin des feuilles brunes de la grande plainte sifflante
de cette poétrie noire souffre-douleur si répandue
dans la tribu de l’abominable homme des neiges
mal pris dans son caca de taureau
et « l’obscénité du commentaire ému »,
qui veut donc encore aimer vivre encore
élève intelligent du plaisir galopant
de l’essentiel goût de vivre
avec sa voix somptueuse de poète québécois fraternel
et son marteau de philosophe nu de diplômes
c’est lui surtout,
je le dis sans prétention
je le dis en faisant exprès
pour le saisir moi-même
c’est lui transpercé aiguillonné de tous les livres lus
qui m’a le mieux fait entendre
la sautadite précision du poème,
cette sorte de folle liberté sauvageonne
qui de bonne heure
donne soif
envie de sabler polir
de clouer solidement les planches
de la belle ouvrage au collectif...
ô vertige!
je ne me relis pas
l’ampleur des dettes
est toujours plus vive
à mesure que l’on frotte
ses propres et bien humbles petites lunes
encore un paquet de clous à décrochir
au fond de la boîte aux lettres
si tant est qu’il s’agisse de viser
la place du cœur
en tâchant « sans se forcer »
d’être à la « hauteur de l’univers »,
c’est comme une récréation
je m’installe tout de go
dehors, à côté de l’érable
sur la grosse roche
je compte dans ma tête
les pas à franchir
pour aller décrocher quelques étoiles
comme on va aux framboises
Merci Michel Garneau!

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Découverte
de Michel Garneau
de l'émission
"Vivement la poésie"
mais aussi
curieuse encore
n'existe il pas de petites
vidéos de vos spectacles
où nous y retrouverions ;
Chantal Godin. Distribution : Oliver Morin, Joanne Marcotte, Jacques Desmarais, Chantal Godin,
Marie-Claire Fachéna, Christian St-Hilaire, Claudia Ménard, Martin St-Hilaire

à vous aussi merci

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