La victoire majeure des ex-travailleurs de Walmart à Jonquière est le point de départ d'un questionnement de Gérald Filion sur son blogue à Radio-Canada. Celui qui quotidiennement et très sobrement parle économie et chiffres à la radio et à la télé publique s'interroge sur la précarisation des travailleurs. Partant, c'est rien de moins que l'idéologie (je n'ai pas d'autres mots) du progrès, de la croissance, de la prospérité qui est mise en cause alors qu'hier encore, Jour du Canada, on se trouvait si chanceux de vivre « dans le meilleur pays au monde ».
Notre monde s’améliore-t-il?
Vendredi 27 juin 2014 à 15 h 24 | Gérald Fillion |
Près de 10 ans après la fermeture du magasin Walmart de Jonquière, les travailleurs syndiqués qui ont perdu leur emploi ont finalement eu gain de cause en Cour suprême. Le plus haut tribunal du pays ordonne qu’une compensation financière soit versée aux employés congédiés. Un arbitre devra trancher puisque les travailleurs ne peuvent pas être réintégrés à leur milieu de travail : le magasin n’existe plus. Mais, ils ont droit à une réparation.
La bataille a été longue pour arriver à ce résultat. Et cette affaire est importante. Au-delà de la bataille judiciaire et de l’argent qui est en jeu, une réalité semble apparaître : celle de la précarisation des travailleurs.
Aujourd’hui, après des décennies de syndicalisation, de législations sur le travail et la maladie et de protections et avantages multiples (des congés parentaux aux garderies à faibles coûts, en passant par l’assurance médicaments et l’assurance-emploi), le sort du travailleur est-il en train de s’aggraver?
Arrêtons-nous un instant. Mettons de côté nos convictions profondes et posons-nous la question : notre société s’améliore-t-elle? Je sais, c’est une grande question, j’en conviens! Et ce n’est pas dans un blogue qu’on va régler ça aujourd’hui! Mais, quand même, je vous invite à réfléchir à cette question avec moi.
On s’est donné un système socioéconomique qui s’appuie sur l’épanouissement des travailleurs et la croissance économique. Aujourd’hui d’ailleurs, je tiens à le rappeler : nous faisons partie du 1% planétaire! Nous sommes, au Québec, comme dans l’ensemble du Canada, parmi les plus riches de la planète. Ça se reflète d’ailleurs dans l’indice sur la qualité de vie de l’OCDE : nous sommes parmi les plus privilégiés du monde. Nous avons un système d’éducation de qualité, nous avons l’accès universel à un système de santé parmi les meilleurs malgré certains défauts.
Sommes-nous en train de détricoter cette structure qu’on a tenté de bâtir depuis un demi-siècle?
Prenez le dossier de la retraite. De quoi parle-t-on? On ne parle pas de la majorité des gens qui n’ont pas de régime de retraite. On ne parle pas de la faiblesse de la sécurité de la vieillesse et des rentes publiques pour les personnes de 65 ans plus. On ne semble pas chercher à améliorer le sort général des retraités et futurs retraités. On restructure les régimes existants et on cherche des solutions pour se sortir des régimes à prestations déterminées. On parle maintenant de prestations cibles, un régime plus flexible.
Prenez aussi les annonces dans le secteur des médias et du journalisme. Ce monde est en pleine transformation. Mais, au cœur de cette restructuration, les artisans doivent composer avec des conditions de travail plus difficiles. Il y a de moins en moins de postes permanents, bien protégés et bardés d’avantages sociaux. Il y a de plus en plus de pigistes, de contrats à courte durée, d’incertitudes et d’attentes. Ça, c’est la réalité.
Le monde des affaires réclame plus de « flexibilité ». En fin de compte, les entreprises s’enrichissent, le taux de chômage baisse, la croissance du PIB se poursuit. Mais, la qualité des emplois et des milieux de vie, qui s’en occupe? Qui fait ce calcul? Derrière les données sur l’emploi à temps plein, l’emploi à temps partiel et le travail autonome, qui s’assure de l’état d’esprit des travailleurs, chose qui peut avoir un impact réel sur la productivité? On parle d’humains ici, pas de machines. Des humains dont les salaires stagnent depuis des décennies, dans un monde où les inégalités de richesse augmentent toujours.
Bien sûr, il faut s’adapter aux changements. Et bien sûr, avec l’ouverture des marchés, les grandes entreprises sont en mesure de réduire leurs coûts. Il faut faire preuve d’innovation, d’ingéniosité et de créativité pour maintenir certains emplois et pour éviter, au nom des coûts de main-d’œuvre et de production plus bas, de voir fermer des usines manufacturières. Mais, cette réalité nous conduit-elle à un monde meilleur, prospère, riche et équitable? Est-ce qu’on s’améliore? Est-ce qu’on est plus heureux?
J’aimerais lire vos réponses.
Question essentielle qui devrait hanter la conscience de la « vieille » société libérale si imbue de son bonheur romantique, de ses bébelles spectaculaires, mais si profondément amorale, comme le répétait Michel Chartrand pour qui la question du bonheur était centrale. Sur le plan des théories, en épistémologie notamment, un Gaston Bachelard croyait que le progrès était continu. Cette croyance a été mise à rude épreuve à la suite des Popper, Foucault et autres penseurs. De même, sur le plan social, les régressions dans les conditions de vie nous pendent toujours au bout du nez. Samuel Archibald dans Le sel de la terre signale avec les yeux de la jeune trentaine l’érosion d’un certain nombre de valeurs du vivre ensemble. En réalité, l'humanité n'est pas maître dans sa propre maison (éco-logie) malgré les avancées de la technologie, les conditions sanitaires, l’accroissement de l’espérance de vie, etc. Le rapport à la nature est débalancé et s’ajoute aux intérêts contradictoires. Pourtant, le ronron politicien de l'économisme perdure : nous vivons « dans le plus beau pays au monde », nous devons faire grossir le gâteau — lire créer la richesse — pour mieux le partager! Le paradoxe, c'est que nous n'avons jamais été en mesure de produire autant de richesses, mais les inégalités... Vous rappelez-vous de Fer et titane de Gilles Vigneault composée dans les années 60? Le chantre disait :
« Pas l'temps d'sauver les sapins
Les tracteurs vont passer d'main
Des annimaux vont périr
On n'a plus l'temps d's'attendrir [...]
Le progrès seul à raison
À la place d'un village
Une ville et sa banlieue
Dix religions, vingt langages
Les p'tits vieux silencieux
Puis r'gard'-moi bien dans les yeux
***
Voici le commentaire que j'ai fait suivre parmi la trentaine publiés :
« Pas l'temps d'sauver les sapins
Les tracteurs vont passer d'main
Des annimaux vont périr
On n'a plus l'temps d's'attendrir [...]
Le progrès seul à raison
À la place d'un village
Une ville et sa banlieue
Dix religions, vingt langages
Les p'tits vieux silencieux
Puis r'gard'-moi bien dans les yeux
Tout ce monde à rendre heureux »« moins
***
En parallèle et de façon concrète sur le « jeu » de la plus-value, on devrait suivre avec intérêt la bataille de Seatle en regard du revenu minimum qui vient d'être haussé à 15 $ l'heure.
1 commentaire:
Spontanéité, c’est le seul adjectif
Qui vous faudra garder en tête en fin de parcours pour la lecture de ce qui suit.
bouleversant questionnement
grand chambardement
bascule brutale vers un futur
qui nous dépasse
pour qui aime la science fiction irréversible
car peut-on enlever la déraison
inhérente au petit d'homme !!!
pour les poètes, les nostalgiques
les goûteux, les sensibles mais surtout pour les petits, TOUT SEMBLE PERDU
le temps de la bonne conscience pour les plus favorisés est fini, les crises se succèdent, ils n’en ont jamais assez, il faut donc efficacité, et broyer.
Pour temps, à bas bruit, prise de conscience, la résistance s’organise !!! Aube d’un nouveau jour? ou Illusions ?
Cela est-il suffisant!!!où est-ce déjà trop tard ????
oui notre ciel est plus qu'à l'orage !!!!
Anneaux Nîmes
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