28 août 2014

À l'angle de Tit-Poil et de Boubou

C'est grave en saudit les toponymes. Mais là, c'est tiguidou! Trois fois, nous passerons désormais aux fins de la mémoire gravée à l'angle du boul. de Tit-Poil et du boul. de Boubou (1)! Ailleurs dans la ville, puisque j'emprunte tous les jours cette artère passante et ruminante, je pense donc régulièrement à cet autre illustre Bourrassa, Henri de son petit nom — que je confonds souvent en lapsus en voulant nommer le boulevard avec Hochelaga parce que j'ai longtemps habité dans l'Est — et à « Fais ce que dois »! Jadis, dans le ciel de Québec, et pour des siècles et des siècles, le territoire dégoulinait de Saint-Chrême, devenant même une espèce d'Annuario Pontificio lustré sur pattes à pancartes : Saint-Lin, Saint-Anaclet, Saint-Pie, Éleuthère, Urbain, Damasse, Théodore, et cetera, et cetera, tous dûment sanctifiés et rattachés qui à Bagot, qui à Acton... Ne vous en déplaise, ça paraît encore pas mal! Alors qu'il y a tant de poésie, de vent qui siffle dans l’encoignure en songeant à L'Anse-Pleureuse, tant de feu et d'air et d'eau et d'âme à prononcer Chicoutimi ou Yamaska (qui veut dire petit ours). Il faudrait bien parfois gratter le dos à ce « territoire incertain » (cf. Henri Dorion et Jean-Paul Lacasse, Québec : territoire incertain, Septentrion 2011). Mais pour la simple curiosité d'une historiette à la Jacques Ferron, on pourrait ricaner en remontant le courant, imaginer ce qui a bien pu advenir de la main mise géopolitique, par exemple au village de peu de renommée des Chiquettes, rebaptisé Sainte-Eulalie. « Le village des Chiquettes s'élevait sur l'emplacement du campement d'été d'une tribu mal identifiée, soit abénakie, soit etchemine, soit malécyte. » (Le ciel de Québec, VLB, 1979, p. 23). Ha ha! Comme disait l'abbé!
 ***

1-  Pour les lecteurs non avertis, les Québécois aiment affubler de surnoms les personnalités politiques. Ainsi,  Tit-Poil était le surnom de René Lévesque, Boubou celui de Robert Bourassa.  



Aucun commentaire: