(Sherbrooke) Très mauvaise nouvelle pour Raif Badawi: le Saoudien dont la femme et les trois jeunes enfants sont établis à Sherbrooke a vu son appel rejeté. Il n'a donc plus d'espoir pour lui d'échapper à sa peine imposée par le système judiciaire saoudien. Le prisonnier d'opinion devra donc passer 10 ans en prison, payer une amende de 300 000 $ et recevoir 1000 coups de fouet, en plus d'une interdiction de quitter le pays pendant les 10 années qui suivront la sentence.
«Maintenant que son appel a été rejeté, on craint beaucoup pour les coups de fouet étant donné qu'il n'y a plus de raison de les repousser», fait savoir Mireille Elchacar, agente de développement régional en Estrie pour Amnistie internationale.
Certains détails sont d'ailleurs maintenant connus concernant l'exécution de cette torture : les coups de fouet seront donnés par tranches de 50, sur la place publique, tous les vendredis après la prière du soir devant la mosquée.
«C'est totalement barbare! C'est une atteinte directe à la dignité humaine. La torture est toujours un acte totalement inexcusable, mais c'est encore plus aberrant dans le cas de Raif Badawi étant donné que c'est un prisonnier d'opinion. Il n'a connu aucun crime!» ajoute Mme Elchacar.
Rappelons que Raif Badawi a créé un site web, intitulé Free Saudi Liberals, dans le but d'ouvrir la discussion sur des sujets sociaux. Le père de famille de 30 ans a prôné l'ouverture face aux différentes religions dans un pays où seul l'islam est reconnu. «Il prône un discours d'ouverture. C'est comme ça qu'il a été arrêté... On l'a accusé d'insulter l'islam», explique Mireille Elchacar.
Mince consolation : il ne semble plus être question, du moins pour le moment, de juger Raif Badawi pour apostasie (avoir renié sa religion), un crime passible de la peine de mort ou de coups de fouet supplémentaires.
Mais en Arabie Saoudite, il faut se méfier. «Sa famille avait beaucoup d'espoir, car il y avait une tradition de gracier des prisonniers à la fin du ramadan, qui était le 27 juillet cette année. Or cette année, on a exécuté un prisonnier par jour pendant les deux semaines qui ont suivi le ramadan», rapporte Mme Elchacar.
«Nous ne laisserons pas tomber Raif. Nous continuons les campagnes pour réussir à le faire libérer.»
L'épouse de Raif Badawi, ainsi que leurs trois enfants de 7 à 10 ans, habitent à Sherbrooke depuis qu'ils ont été acceptés comme réfugiés au Canada puisqu'ils recevaient des menaces de mort dans leur pays d'origine.
Pour l'instant, son épouse ressent un «découragement total», fait savoir l'agente de développement d'Amnistie internationale.
«Nous ne laisserons pas tomber Raif. Nous continuons les campagnes pour réussir à le faire libérer. Savoir que nous continuons les démarches redonne espoir à sa famille», ajoute Mireille Elchacar.
Et ces démarchent redonnent aussi espoir à Raif Badawi. Emprisonné dans des conditions difficiles en Arabie saoudite, il réussit à parler à sa femme au téléphone une fois de temps en temps, et peut ainsi être informé de la mobilisation qui est en cours pour l'aider à retrouver sa liberté.
Amnistie internationale entend d'ailleurs organiser des activités en guise de soutien au Saoudien cet automne.
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