Alexis de Tocqueville fit un petit saut de crapaud au Bas-Canada en août et septembre 1831. Dans une lettre du 7 septembre 1831, il note (déjà à cette époque) son dépaysement au sujet de la langue de la « Vieille France », le moé pis toé au temps d'un vieux Louis : « Il n'y a pas six mois, je croyais, comme tout le monde, que le Canada était devenu complètement anglais [...] Nous nous sentions comme chez nous, et partout on nous recevait comme des compatriotes, enfants de la vieille France, comme ils l'appellent. À mon avis, l'épithète est mal choisie : la vieille France est au Canada; la nouvelle est chez nous. »
Dans une autre lettre datée le 26 novembre 1831, la domination de l'establishment anglophone lui saute aux yeux : « Je viens de voir dans le Canada un million de Français braves, intelligents, faits pour former un jour une grande nation française en Amérique, qui vivent en quelque sorte en étrangers dans leur pays. Le peuple conquérant tient le commerce, les emplois, la richesse, le pouvoir. Il forme les hautes classes et domine la société entière. Le peuple conquis, partout où il n'a pas l'immense supériorité numérique, perd peu à peu ses mœurs, sa langue et son caractère national. »
Source : Jacques Leclerc, L'aménagement linguistique dans le monde, Histoire du français au Québec, Section 3 (1840-1960), 2.4 et 2.5.
http://www.axl.cefan.ulaval.ca/francophonie/HISTfrQC_s3_Union.htm,
cité le 22 février 2015.
cf. également Tocqueville au Bas-Canada
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