30 juin 2015

Dette


On tombe parfois heureusement sur les mots des autres et l'on est séduit par l'à-propos, l'agilité, l'élégance... On contracte une dette. Le transfert est un jeu de billes. On est renversé par l'audace qui sacre à grands coups de Jarnac, cela est loin d’être sournois, dans la langue exposée aux quatre vents sur ces grands lacs majuscules de feux vifs comme des milliers d’yeux sous la lune, comme des peaux trouées de verbes dépeignés, équarris, que l'on défendra jusqu'à la lisière du jour, jusqu'aux creux des murmures de nos prochaines petites morts tendres si ponctuées, si populeuses de simagrées étranges, de malentendus, de tas de roches. Ainsi tangue le miroir dépensier dans le compte-gouttes de la tribu aux masques d'écrevisse pour le bon usage de nos soirs penchés vers l’amoncellement de plumes et de prières, poussières de silence à venir, brume à rebours d'encre inconsolable dans la barque du temps disparu, menée pourtant tambour battant comme une exclamation, quasiment comme un poème. Mais toujours, cette griffe qui strie le parcours incertain comme un appel à double tranchant vissé au corps, à la présence bien trop brève de nos amours porteurs de flambeaux. Pour s’échapper, une bonne sainte chance qu'on tombe parfois, la nuit surtout, sur les mots des autres.  



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