11 décembre 2015

Le climat en 1903 ou comment passer la nuit blanche à la COP de Paris


Ça fait quasiment peur sur fond de cupidité et de piétinement à la COP de Paris. Retour à la case du futur antérieur. Marguerite Yourcenar, Québec, 1987. Dans une allocution donnée à une Conférence internationale de droits constitutionnels, elle cite la fin d'un article du géographe Frédéric Schrader paru vraisemblablement en 1903. En 1903! Ça fait carrément peur!
« À côté de la destruction, écrivait Schrader, la reconstitution pourrait de se préparer par l'étude des lois physiques qui dirigent la vie planétaire. La science, qui mesure et devance les tempêtes, n'arrive-t-elle pas à en prévoir les causes ? Ce grand laboratoire des climats, cette ceinture végétale de velours humide et tiède d'où s'élancent des spirales rythmées d'ondes atmosphériques sera-t-elle transformée sagement, exploitée avec le respect de l'homme et de la nature, en tenant compte des relations du sol et de l'atmosphère, ou bien cédera-t-on à la tentation de violenter la terre, d'attaquer par les voies rapides la forêt tropicale ? Dans ce cas, c'est l'humanité même qui sera mise en péril, non seulement par des maladies inconnues, mais par la déséquilibration de l'atmosphère et par l'introduction de l'instabilité des climats dans le monde entier. Ce tableau est sombre. Puisse la réalité n'être pas encore plus sombre, et puisse le sentiment du péril grandissant suggérer aux hommes le remplacement de la lutte qui tue par l'alliance qui féconde. Il semble que le Sphinx apparaisse de nouveau à la bifurcation des routes que l'humanité peut prendre, lui rappelant qu'elle a déjà dû à plusieurs reprises changer sa marche, lui proposant une fois de plus sa question redoutable, prêt à la dévorer si on ne devine pas dans quelle voie on doit s'engager. Une loi désormais incontestable établit que la chance de durée des organismes est en raison inverse de leur complexité. Si cette complexité s'exagère à force d'artifices et de conflits, la survivance est impossible. Le remède est à la portée de l'intelligence humaine, si elle veut bien dissiper l'ivresse qui la mène aujourd'hui et demander à la science, non plus seulement la possession immédiate de la nature, mais la compréhension de l'harmonie générale. C'est uniquement par le respect des lois naturelles et par l'extension des rapports d'amitié entre les hommes que l'histoire pourra se développer dans "l'ordre naturel des choses", suivant "le jeu naturel des choses" où se trouve la liberté, et sauvegarder ainsi l'avenir humain. » 
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