14 avril 2016

Jean-François Draperi : pour une théorie générale de l'économie sociale

Voici la vidéo d'une conférence vraiment inspirante de Jean-François Draperi donnée à l'UQÀM en 2015 dans le cadre des séminaires du Centre de recherches sur les innovations sociales sur le thème de l'économie sociale définie et inscrite dans la tradition coopérative.

Le conférencier souligne qu'il y a une effervescence des coopératives partout dans le monde et dont la caractéristique est une alliance marquée de l'économie sociale, de l'économie de proximité et de l'économie singulière ou originale des régions. Cet ancrage dans les collectivités est une alternative au capitalisme, puisque pour le capital le territoire n'existe pas. C'est ce que nous rappelait encore aujourd'hui M. Philippe Couillard en vantant les acquisitions partout dans le monde de sociétés québécoises, ce qui tempérerait le grand jeu de qui perd gagne... C'est là, bien entendu, une myopie politique extrêmement coûteuse. 

Le projet de l'économie sociale, ajoute Draperi, ce n'est pas l'économie, c'est le développement basé sur la liberté, l'égalité et la solidarité des coopérants. 


Ce type d'exposé appelle la recherche d'une théorie générale de l'économie sociale, c'est-à-dire la démarche alimentée certes par les chercheurs universitaires, mais aussi et surtout par les coopérateurs eux-mêmes qui pensent à leurs pratiques. Tout cela, finement vulgarisé, donne à voir ce qu'est la transition en cours vers la sortie du capitalisme. Rien de moins!





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En complément, J.-F. Draperi est l'auteur de La république coopérative (Larcier, 2012). La présentation de l'ouvrage résume plus avant en quel sens l'auteur appelle une théorie générale de l'économie sociale ou coopérative qui serait, entres autres, a-capitaliste : « Présent dans le monde entier, riche d’une histoire bi-séculaire, le mouvement coopératif est d’une grande diversité. Celle-ci se révèle également être une difficulté lorsqu’il s’agit de définir un cap et élaborer une stratégie. Au début du XIXe siècle, les coopérateurs ont cru pouvoir changer le monde en libérant le travail. Au début du XXe siècle, c’est en tant que consommateurs qu’ils pensaient dépasser le capitalisme. En ce début du XXIe siècle, nos sociétés malmenées attendent que de nouvelles relations, plus équitables, soient définies entre travailleurs et consommateurs. Riche de son expérience, le mouvement coopératif est en capacité de répondre à ce besoin. Un double défi l’attend : dépasser les logiques propres aux nombreuses fédérations centrées sur leurs propres objets (le travail, la production agricole, l’artisanat, le crédit, le commerce, l’agroalimentaire, etc.); et convaincre non seulement les coopérateurs, mais la société dans son ensemble. Pour y parvenir, le mouvement coopératif n’a d’autre choix que de penser une théorie socio-économique nouvelle, alternative au libéralisme. » 

En ce sillage de l'inter-coopération, en ce qui concerne le Québec, il est à propos d'explorer le travail du Chantier de l'économie sociale sous la direction de Jean-Martin Aussant. Sur le plan politique, on suivra avec intérêt les délibérations à Québec solidaire en train de préciser son programme économique en vue de son prochain congrès en mai 2016.

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