01 juin 2016

887 ou l'effort de mémoire

887, ou l'effort de mémoire. Sans partisanerie eu égard à l'identité. Ou quand le je polyglotte nomade résonne précairement en nous. D'où l'émotion qui a lieu. Tour de force. Le lieu, qu'est-ce à dire? Lepage = Québec. La ville de Québec. « C'est parce que je viens d'une place précise », dit-il simplement. Il s'adonne que je suis en train de lire, bien bien tranquillement, La mémoire, l'histoire, l'oubli (Paul Ricoeur, Seuil, 2000). Et là, à la page 49, ceci qui est pour moi révélateur : « La transition de la mémoire corporelle à la mémoire des lieux est assurée par des actes aussi importants que s'orienter, se déplacer, et plus que tout habiter. C'est sur la surface de la terre habitable que nous nous souvenons avoir voyagé et visité des sites mémorables. Ainsi les "choses" souvenues sont-elles intrinsèquement associées à des lieux. Et ce n'est pas par mégarde que nous disons de ce qui est advenu qu'il a eu lieu. [...] Les lieux “demeurent” comme des inscriptions, des monuments, potentiellement des documents. » Que dire alors d'un poème monumental comme Speak White dans la mémoire d'un peuple? Dans les premières strophes du poème, il est dit : « Nous sommes un peuple... //////», Et voici que là-dessus l'acteur Lepage hésite, bute, mime le silence, se reprend, ça bloque, c'est abyssal... Nous n'avons plus que ses yeux inquiets. Et c'est tout le drame d'un trou de mémoire qui se joue là, sur les planches. J'ai la mémoire qui flanche. Mais ça ne finira pas là! C'est aussi le génie d'une langue en mouvement.

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