Une montagne de choses à faire, quelques inquiétudes autour de moi m'ont empêché de dire un mot plus tôt du lancement le 7 novembre dernier au Cheval blanc de la rue Ontario du plus récent récit « pour adultes », car il écrit aussi pour les enfants, de Gabriel Anctil : Les aventures érotiques d'un écorché vif (coll. Quai No 5, XYZ éditeur, 2016, 381 pages).
Il y avait beaucoup de beau monde à ce lancement. La file coincée le long du bar pour la signature du roman était tissée serrée. Gabriel recevait chacun et chacune avec attention. Si bien que debout, sans aucune préméditation ou impatience, la bulle personnelle tanguait parfois, c'était gênant, vers la dame inconnue à mes côtés, je lui ai quasiment pilé sur les pieds à un moment donné. Plus tard, une fois dégagés, nos excuses réciproques et son si beau sourire ont aussi fait ma soirée.
J'ai parcouru au retour en métro les premières pages. J'ai été d'emblée absolument captivé. La suite m'est réservée. Je ne peux donc pas parler pour le moment du roman en son entier, n'étant rendu qu'à la page 38, chez Marie-Aimée-Bienheureuse!
Ces premières lignes de l'écorché vous font littéralement saigner la mémoire si comme Mathéo, le narrateur, et bien sûr, c'est très commun, vous avez aussi connu par un jour gris le triste passage d'un camion de déménagement venu clore une histoire d'amour.
Photo Jacques Desmarais, Gabriel Anctil, Le Cheval blanc, 7 novembre 2016. |
Mais Matante Loulou arrive vite au secours. Elle tâte bien le terrain. Son décolleté fait oups, nous titille, elle met la table, nous fait entendre d'entrée de jeu qu'il n'y en aura pas seulement pour l'écorché vif dans le titre, que c’est parti pour « les aventures érotiques »!
À mon regret, j'avoue ne pas avoir lu à ce jour les romans précédents de Gabriel. J'ai toutefois suivi avec passion la série radio qu'il a imaginée, Sur les traces de Jack Kerouac, présentée à la radio de Radio-Canada à l'automne 2014. Intuition qui en vaut d'autre, j'aborde fraîchement l'écriture de Gabriel en résonance, quelque part au moins, à l'aventure littéraire de Kerouac, ce grand frère poqué de Lowell qui nous interpelle parce qu'il a résolument voulu raconter sa vie, qu'il ne pouvait pas faire autrement. Je trouve que sur cette route de l'autofiction, faute de dire mieux, Anctil va très loin et place la barre haute. Il le fait en pleine possession de ses moyens de jeune homme de 35 ans, écrivain attisé, persistant, talentueux, à mon humble avis très courageux. Par son projet littéraire, l'auteur a résolu de nous faire signe en montrant que l’éconduit, le blessé à l’os, avec sa part de monstre et d’ombre à lui aussi, peut transformer sa vie plate et dure en aventure humaine enrichissante sans pour cela jouer du nombril ou du temps présent monté en épingle, cultiver le fiel, renier ses amours et son corps, que cela est possible à la force du poignet et des mots sans prendre les autres, à cause du ressentiment, pour des objets jetables après usage.
Lors du lancement, nous pouvions aussi être témoins de l’amour du père pour les prunelles de ses yeux, ses deux beaux garçons. Cela n’est pas rien dans la mire du réel.
Cette humanité au-delà de l'éclatement, c'est aussi ce qu'a retenu Danielle Laurin dans le très beau compte rendu publié au Devoir le 5 novembre 2016.
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