15 février 2017

Ceux qui font la révolution à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau

Ceux qui font des révolutions bla-bla bla-bla. Ce film sur le caractère mortifère qui avale l'âme théâtralise la barbarie individuelle qui se recroqueville jusqu'à notre inconscient. C'est très loin de toute révolution qui aurait un principe humaniste comme ressort. C'est très anecdotique en regard de la grève étudiante de 2012. Ça m'est apparu toutefois absolument dévastateur pour ceux et celles qui ont fait des révolutions tranquilles... Ce n'est pas tant la révolution tranquille qui est en cause, mais la prétention, le somnambulisme qui exclut les laissés pour compte, les paumés, les "sociaux-affectifs ". Mais, au fait, y a-t-il eu une seule révolution dans les derniers siècles qui dépasse sa moitié idéalisée? Plus proche de Berthol Brecht dans la mise en scène des graffitis et des encarts de citations, plus proche par moments des Bouffons de Falardeau pour les « tits culs de l'Est », comme il se plaisait à se légitimer, que de Bertolucci ou de Garel tel que j'ai pu l'imaginer avant de voir le film. La surimposition anonyme qui insère des extraits d'archives (la fête de Jacqueline Desmarais, le discours blédinde de Justin Trudeau, le chanoine Lionel Groulx devant sa propre pierre tombale, et surtout Hubert Aquin si fatigué culturellement, valorisant la violence...), tout cet inattendu est génial même s'il n'explique rien. Il en est de même des nombreuses scènes stylisées de répression policière sauvage qui m'ont tant inquièté lors de la grève étudiante. Plusieurs segments de jeu m'ont apparu être du théâtre so so. Mais le jeu des quatre « terroristes », détestables et déshumanisés, est époustouflant. Il faut du talent et de l'audace pour avoir tenu ces rôles au grand écran. La caméra, la trame musicale, les effets spéciaux, les images de Montréal, là aussi, c'est génial, c'est même effrayant. Mais je pourrais écrire vingt autres lignes pour descendre en flammes comme Cuba qui coule sur le lac Léman le manque de perspective sur l’exploitation, la richesse, la colère, la faute, l’ici maintenant, les popas et les momans qu'on tue, le peuple, la libido, la faim qui tenaille malgré tout, et surtout les mots qui enserrent notre rapport au monde! Sur le mot peur, toutefois, je donne sang pour sang!






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Le long métrage à Berlin.

Jason Bilodeau, Bègues blancs d'Amériques, Spirale

Extrait :

 

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