Sans conteste, à mon goût, la plume d'Odile Tremblay est belle et précise, remue de l'air d'encre, de la poésie le plus souvent au-delà d'elle même. Ses Bons baisers de Russie m'ont fait éprouver une fois de plus l'amour-haine de cette immense planète littéraire entre l'Asie et l'Europe, entre la lune et l'enfer, entre la surprenante révolution de 17 et la sanguinaire mafia de 18. Je hais Putin autant que Trump, et leurs sacs de mercenaires, d'espions, de méchants, mais qu'est-ce que ça peut bien faire? Rien, mon cher Nietzsche! Anyway, " La main du bourreau finit toujours par pourrir ", panaris, panaris! Le plus attristant dans le récit de Tremblay, outre des milliers de morts en Syrie, dans le ciel de l'Ukraine, les assasinats de journalistes, les empoisonnents, ce sont au quotidien les yeux au beurre noir des femmes rencontrées sur la rue! J'aimerais là, tout de go, demander à Sébastien Dulude qui en revient : as-tu flairé cette violacée misère parmi les poètes fréquentés qui ont bien bu, bien désespéré dans les éclats des clichés? J'aimerais que mes amis Marie-France et Jean-Paul qui iront bientôt gondoler par là-bas, j'aimerais qu'ils corroborent s'il est vrai que St-Pétersbourg est plus belle encore que Venise? Je divague. Reste que tout cela m'a rappelé une anecdote cocasse. Je me suis retrouvé un soir de gala en présence d'un moscovite; nous étions par hasard des impromptus côte-à-côte en coulisse pour un petit show dans un hôtel à Cuba. Il nous fallait subito presto enfiler des pantalons grotesques et rejoindre nos blondes ainsi attriqués sur la scène. Ce n'était sans doute pas le moment le plus propice au monde pour échanger, pour exprimer toute ma gratitude de Crime et Châtiment, pour faire frétiller entre nous le mot hockey, mais rien pantoute, niet, aucune façon! Si j'excepte ma visite du pavillon de la Russie à l'Expo 67 - j'étais venu seul de ma campagne en autobus à Montréal, j'avais dormi chez ma tante Èva de la rue Nicolet, je m'étais fait achaler par des hommes en auto, bref...- visite au cours de laquelle je ne sais plus comment j'avais réussi à l'âge de 13 ans à me procurer des cigarettes made in Soviet, c'était à Cuba la première fois de ma vie que je côtoyais un Russe. Bon, qu'est-ce que tu veux! Bons baisers de Russie.
Odile Tremblay, Bons baisers de Russie, Le Devoir, 24 mars 2018
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