(Photo Jazznews)
Au Lion d'Or, l'avez-vous déjà remarqué, la lumière naturelle peut s'infiltrer, ajourée par deux persiennes vert forêt, sur le mur longeant le bar, à gauche de la scène. J'adore l'irrégularité de cette petite salle, rue Ontario, chef-lieu du Off Festival.
Je n'avais pas mon appareil photo avec moi, hier soir, et je l'ai regretté. Il n'y a pas d'embargo, au Off, pour tirer des portraits! D'abord, quelques minutes avant que le jour ne bascule et que le show commence, il y avait ces persiennes à photographier avec juste un petit coin du ciel gris qui voulait lever le camp. Puis, est venu sur la scène en complet blanc, cravate rouge vin, le m.c. du Off, M. Éric de l'Oiseau, un camarade de radio Centre-ville, un vrai pro.
Puis le band. D'abord, une grande blonde saxophoniste (alto et soprano) s'installe au centre de la scène et l'on n'est pas surpris parce qu'on sait que l'affiche de le soirée présente : Christine Jensen et le collectif A.S.A.P.
On le constatera d'entrée de jeu, le programme est composé entièrement d'oeuvres originales de Jensen et quelques-unes aussi de ses complices, un quartet des plus agréable flanqué de Thom Gossage à la batterie, Joel Miller, saxophone ténor, l'excellent Owen Stewart-Robetson à la guitare électrique et Miles Perkin, contrebasse.
Les pièces interprétées étaient dans l'ensemble magistralement bien fignolées, très «écrites» mais un brin retenues, moelleuses avec des envolées senties et surtout de très beaux arrangements, notamment autour des deux saxos. Parfois, j'avais l'impression qu'on frôlait les sonorités de certaines pièces du Liberation Orchestra. Et peut-être que je n'avais pas tort car l'on sent un accent chez Jensen, une manière d'aborder la musique qui n'est pas pur détachement du temps que nous vivons.
Il y a eu un très bon blues de grâce matinée où l'on traîne au lit, suivi, en contraste, d'un trépidant Ready in five minutes. Les tounes plus «percussives» et plus poivrées étaient bien fricotées entre le batteur, présent tout le temps, et le grouillant contrebassiste.
Jensen aime explorer et cela s'entend. Elle maîtrise son instrument de façon remarquable. On sent sa complicité avec Miller, l'autre saxo. On remarque aussi l'accueil qu'elle fait aux propositions du guitariste qui ajoute à l'ensemble une grande douceur, une profondeur aux thèmes joués.
Changement de vitesse, c'était parfois la bossa nova et la fête entre les notes. Sans grimper aux persiennes, nous étions bien une centaine de spectateurs à dodeliner du chef et à cliquer du pied. Pour ma part, j'étais ravi de découvrir une fois de plus de si grands talents locaux sur la scène du jazz montréalais.
Le dernier album de Christine Jensen, cela n'est pas un hasard, est baptisé Look Left sur Effendi Records. En terminant, voici un extrait de la recension du CD dans Voir.ça du 22 juin :
«La plupart des pièces de ce nouvel album de Christine Jensen ont été écrites dans le contexte propice à la création qu'est Paris: vue sur la Seine, rencontres stimulantes, distance avec l'Amérique. Look Left exprime l'opposition à l'invasion de l'Irak, A Tree Thing est un hommage à Jimmy Giuffre et à Lee Konitz, Upper Fargo est inspiré par les oeuvres de Jonathan Franzen (...)»
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