22 septembre 2006

Ce soir j'attendrai Madeleine


Vendredi soir. Ce n'était pas prévu, mais j'ai passé chez le nettoyeur. Comme le nettoyeur est à deux pas du disquaire, j'ai dit : tiens, allons donc voir si le dernier Toots est arrivé. Le plus récent, c'est One more for the road. En entrant, on se fait accueillir par un tapis de Mexico. Bien tentant... Je passe outre pour cette fois. Toots, donc. Il est assez petit ce disquaire. On couvre vite la petite pointe du rayon jazz. Je suis toujours partant pour l'insurpassable Toots. Et il faut remercier les dieux ou simplement la nature pour dire comme Spinoza, remercier les anges, remercier la vie et probablement sa femme de laisser Toots faire encore des disques intenses à 84 ans! Mais ce n'est pas tout. Le baron Belge a un faible pour les voix féminines. Ah! Or voici qu'il a invité, entre autres, Madeleine Peyroux. Ma belle Madeleine Peyroux.

Toots n'était pas là. Mais de la lettre T à P, il n'y a qu'un pet. Je regarde furtivement à la case de mon amour Peyroux (nom acadien, son père): il restait un exemplaire de Careless Love, un exemplaire de Got you on mind (elle est l'invitée de William Galison), puis, à mon grand étonnement, un bébé CD inconnu, un prématuré puisque j'avais lu que la sortie était prévue pour novembre! COMMMENT ÇA SE FAIT QUE DEPUIS LE 4 SEPTEMBRE JE NE SUIS PAS AU COURANT QUE Half the Perfect Word EST DISPONIBLE?

Écoute préliminaire et tout de go dans le char au retour vers la maison. La voix est plus distincte, limpide, plus proche que jamais on dirait. Je suis plus qu'amoureux! Je suis amouraché... Le tout semble en continuité par rapport au précédent CD avec le même personnel de musiciens. C'est ciselé avec grand style. Une légèreté d'oiseau dans le blues. Dans l'auto, je n'ai pas eu le temps de me rendre à La Javanaise. J'ai fait cela plus tard. Ce n'est pas une trahison M. Gainsbourg! C'est une nouvelle fenêtre sans prétention pour cette chanson géniale composée en une nuit pour Juliette...

D'emblée, quelle douceur sur les lèvres d'or de Madeleine, soulevée parfois comme un drap qui volète au vent avec des petits coups d'orgue, de la vraie drogue pour le cerveau.

Éric Boisson écrit dans son blogue :

«Ballades émouvantes, arrangements minimalistes, univers troublant et intime.. Madeleine enchaîne ainsi les reprises (Cohen, Waits, Mitchell ou encore Gainsbourg) et les titres originaux. Légères cordes, orgue, piano.. les instruments illuminent sa voix à la perfection, le rythme est idéal... Je crois que Miss Peyroux a encore su grandir pour nous proposer un 3eme album sublime et indispensable.»


Et puis plus tôt dans Voir, cette recension qui m'a échappée :
Madeleine Peyroux - (Rounder / Universal)
Half the Perfect World

Gilles Tremblay
Deux ans après Careless Love, Madeleine Peyroux reprend en quelque sorte là où elle avait laissé: même réalisateur, Larry Klein, mêmes musiciens, même éclectisme dans ses choix musicaux. On retrouve donc quelques standards comme The Summer Wind de Johnny Mercer et Smile de Chaplin, ainsi que des compositions dont I'm All Right et California Rain. Et puis des reprises: River de Joni Mitchell, en duo avec k.d. lang, The Heart of Saturday Night de Tom Waits, La Javanaise de Gainsbourg avec un quatuor à cordes, Blue Alert et Half the Perfect World de Cohen. Mais c'est avant tout la voix superbe qui rappelle la grande Billie Holiday et cette façon qu'elle a d'habiter ses chansons qui nous séduisent. »

Bon, le «nous séduisent» me fatigue un peu... Dans le sens que c'est ma Madeleine à moi. J'attendrai Madeleine jusqu'au 20 octobre prochain. Un grand soir. C'est elle qui apportera les bonbons et sa belle voix, et ses yeux, à l'Outremont. Je serai à la première rangée. Avec J. qui l'aime autant que moi! Et M. et M. Et C. Câline!

Photo : festival de jazz de Monterey, 19/09/2005.

6 commentaires:

Onassis a dit...

Je vais te l'avouer. Je n'ai jamais ecoute une chanson de ta Madeleine (je n'ai pas d'accents sur mon clavier). Alors, es-tu moins jaloux ? N'empeche qu'en vendant si bien ses merites, tu donnes envie de tater de la Madeleine. Serais-tu masochiste, Jacques ?
Blague a part. Des que j'ai l'occasion, je vais l'essayer la Madeleine. Et crois-moi, Madeleine, elle aimera ca :)

Jack a dit...

Onassis, peut-être que l'ambiance lounge te tape sur les nerfs et que tu ne l'aimeras pas? Ce qui me semble impossible... Suis-je excessif? En tous cas, je ne crains rien au pays des polygammes...

Voici ce que j'écrivais dans un courriel collectif (période pré-blogue) le 11 septembre 2004 lors de la sortie de Careless Love :

Une voix crasse à la Billie.

«...Au menu, outre la voix qui s'infiltre tout de go, enchanteresse, dans votre petit cercle polaire intime, il y a d'abord les auteurs Cohen et Dylan servis en apéro. Ce duo de petits garnements juifs est déjà une réjouissance en soi. Mais ce n'est que le début. Les blues vont s'installer d'une chanson à l'autre, comme quand on monte un escalier, avec parfois une couleur folk, parfois le pied sur la pédale d'un groove qui décolle sur la piste de la Hammond, parfois on est dans le pop carrément pas désagréable... Comment fait-elle ces allers-retours, avec une pointe du côté du gospel, alors que les hautes références du répertoire tracées par des statues chantantes (Billie Holiday, Bessie Smith), sont encore ici tissées en filigrane, à la manière de Madeleine Peyroux, comme des étoiles qui pleurent dans sa voix?»

Onassis a dit...

Interesting mister Jack.

Je ne sais pas si ça m'ennuierait. Ça m'étonnerait. J'écoute de la musique assez diversifiée pour pouvoir apprécier à peu près tout.

Karo Lego a dit...

Vendu! C'est vendu. bientôt, je me procurerai l'un de ses albums.

Moi je ne connais pas cette Madeleine. Ben, je connais celle de Jacques Brel. Mais pas la tienne.
D'après ce que tu en dis, c'est un must.
À découvrir!

Anonyme a dit...

ah bin moi j'ai acheté le cd de toots, avec mes sous ! Et dans le métro, tout les matins, je chante i've got the right to sing the blues, mais je suis gêné alors ca fait que hmm hmmmmm pendant que je regarde mes pieds...

Jack a dit...

C'est bon ça! Le hmm hmmmmm en zieutant les pieds. Je retiens ça!