19 décembre 2006
Sur les chemins de l'amitié
En conclusion de mon travail à Jean-François Malherbe, j'ai écrit que la surprenance renvoie à l’apprivoisement de la distance et de l’invisible. L’expérience de l’amitié est parlante à cet égard : passerelles jetées vers l’autre, cet inconnu habité par toutes «ses petites morts successives», mais aussi par la continuité de son «regard bienveillant», promenades incertaines qui laissent des traces à l’ombre du doute dans les sillons les plus lumineux de notre rapport à la spiritualité.
Sur ce thème très riche (...) je propose un extrait de l’Amitié de Blanchot. La sévérité joyeuse à l’oeuvre ici me semble jouer comme un accompagnement, comme un accord majeur en rappel de ce qui nous fut livré dans ce cours. Maurice Blanchot :
«Nous devons renoncer à connaître ceux à qui nous lie quelque chose d'essentiel. Je veux dire, nous devons les accueillir dans le rapport avec l'inconnu où ils nous accueillent, nous aussi, dans notre éloignement. L'amitié, ce rapport sans dépendance, sans épisode et où entre cependant toute la simplicité de la vie, passe par la reconnaissance de l'étrangeté commune qui ne nous permet pas de parler de nos amis mais seulement de leur parler, non d'en faire un thème de conversations, mais le mouvement de l'entente où, nous parlant, ils réservent, même dans la plus grande familiarité, la distance infinie, cette séparation fondamentale à partir de laquelle ce qui sépare devient rapport. Ici, la discrétion n'est pas dans le simple refus de faire état de confidences - comme il serait grossier même d'y songer, mais elle est l'intervalle, le pur intervalle, qui, de moi à cet autrui qu'est un ami, mesure tout ce qu'il y a entre nous : l'interruption d'être qui ne m'autorise jamais à disposer de lui, ni de mon savoir de lui, fût-ce pour le louer, et qui, loin d'empêcher toute communication, nous rapporte l'un à l'autre dans la différence et parfois le silence de la parole.»
Photo de Blanchot
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4 commentaires:
je peux pas lire, je vois double, au moins...
L'amitié me trouble...
C'est dans l'amitié que je refuse ma propre censure, que j'abandonne le voile et, que de la pudeur je garde l'oeil avisé, la parole tranquille. Je n'aime pas d'amour depuis des ans. N'ayez crainte, cher Jack, ce n'est pas l'amer à boire ni la colère à bord. J'aime filial, je chéri amical. Et je puis dire tellement sincèrement, que ma minuscule famille et mon jardin d'ami(e)s m'offrent toutes les couleurs et les frissons nécessaires.
Je mangerais le diable pour les protéger! Je baiserais Dieu sans me faire payer (!) pour qu'ils soient chaque jour conscients constants vivants vrais protégés des dangers. Il n'y a pas plus intègre et pur bonheur que l'amitié. Jamais ne refuse un sourire, jamais ne verse dans le pathos, enfin, du moins, pas ceux qui m'entoutrent (souriressss).
C'est ma source de plaisir préférée l'amitié. De grandes bouffes, des balades à se taire, des câlins, du souffle, du réconfort, du tact sans trac, sans attaque. Mes ami(e)s sont chéris, bénis, me comblent et me laissent cette liberté de disparaître et d'être : sans les toujours ni les jamais harcelants et puerils.
Merci pour ton texte sur ce thème Jack.
Merci de ton amitié, Nina.
Pour l'instant, toute virtuelle soit-elle, elle est vraie comme toi et moi devant la glace.
Tiens ! Joyeux Noël Jack et... un show de pouets jazzé pour 2007
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