C'est Michel Garneau qui, parlant de poésie, me fait le plus plaisir parce qu'il touche à l'urgence de la poésie universelle, ricaneuse et savoureuse dont c'est, paraît-il, la journée tout dé (le 21 mars). Il souligne aussi la baveuse exigence de longue haleine des petits chevals amoureux... Michel dit, écrit dans Une cordée de bran de scie (pp. 18-19, Lanctôt, 2003):
«la matière de la poésie c'est la langue
donc c'est vrai que tout le monde est poète
et c'est merveilleusement vrai
que c'est l'anarchie en poésie
ça ne s'enseigne pas vraiment
et c'est accessible à tous
chacun chacune qui a lu une dizaine de poèmes
en écrit vingt et en publie
vingt
chaque pays contient une foule de poètes
de dix-huit ans
et une poignée
au-delà de cinquante ans
car la poésie c'est comme n'importe quoi
où le coeur doit s'allier à la technique
il faut commencer jeune
et travailler énormément
pour atteindre la précision
étudier la question longtemps
pour savoir ce qu'on a à dire
se vider le coeur de ses peines
ou l'âme de ses états
ne dure qu'un temps
ensuite il faut étudier la question
du comment dire pour parler clair
au nom de tous
comment faire pour être précis
et ça
ça peut prendre toute une vie (...)»
Personnellement, ce passage me met toujours de bonne humeur et après, ça me donne le goût de gosser encore une petite heure.
Pis, vu que c'est la journée internationale, même en Irak, je me permettrai de m'ex-citer ad usum privatum un poème local sans prétention de Jack Drill qu'on trouve affiché sur le site de la revue Steak Haché et qui s'intitule Chronique culibraire,Mascarade, guignol et jeu :
«1) En gros-œil
la poésie pubescente
dégraffée
des lolos
sur papier dentelle,
n’est lobée
que par la digue
populacière
selon l’arbitraire
jardineuse
d’une nouvelle agricole
à la dada.
2) En grosse-nonpareille
la poésie rubescente
déjantée
du vélo
sur papier ombrelle,
n’est nouée
que par la figue
prolétarienne
selon l’ambiguïté
bagarreuse
d’une mam’zelle faribole
à la fada
3) En gros-canon
la poésie tumescente
dégriffée
des mélos
sur papier cannelle,
n’est vouée
que par la ligue
polémique
selon l’aventure
jouisseuse
d’une sexuelle caracole
à la Léda.
4) En grosse-de-fonte
la poésie quiescente
déboutonnée
du polo
sur papier rituelle,
n’est louée
que par la gigue
primitive
selon l’anarchie
dangereuse
d’une donzelle parabole
à la soda.
5) En gros-parangon
la poésie déhiscente
débouchée
des solos
sur papier prunelle,
n’est jouée
que par le zigue
pirate
selon l’ataraxie
doucereuse
d’une vénielle vinicole
à la coda.
6) Feux fard,
deux dards
et long lard
Marci ben !»
5 commentaires:
GRrRR! D'la poésie
J'reviens à l'aube.
mes yeux ont moins de pousières au petit matin que la nuit...
PARLER CLAIR
La poésie est de souffle
Feu sans flammes qui épure
Les ampoules des langages
Conventionnels
La poésie est de lumière
Vitrail aux arômes insouciants
Qui reflète les merveilles
Nul besoin de précision
Qui peut bien ambitionner
De mesurer exactement
Les climax du cosmos
Ou la jouissance de l'infini
Précis comme un menuisier
qui mâche de la dynamite
en rabotant son lexique
à large sombrero
Jack! Tel que lu dans la revue hebdomadaire française télérama, section courrier des lecteurs, ce commentaire qui m'a fait penser à toi...
"En ce mois de mars, profitons vite du printemps des poètes... De nos jours, il faut être courageux pour trouver, en certaines librairies, les livres de poésie. Combien de fois dois-je me mettre à quatre pattes pour fouiller dans les recueils relégués au ras du sol! Combien de fois ai-je dû demander un escabeau pour atteindre les sommets de la septième étagère (septième ciel?)! Sans compter les fois où l'on me désigne du doigt la série "livres régionaux" sous prétexte, sans doute, qu'un poète d'aujourd'hui n'est pas universel... Il y a cent ans, 130 000 recueils poétiques se vendaient chaque année. Il paraît qu'aujourd'hui on n'en vend pas plus de 2000."
Régine Albert, lectrice du télérama.
Une réalité tant d'un bord de l'océan que de l'aut'!!!
excellent ce poème de jack drill. bel exercice de style en tout cas. et pour le commentaire de régine albert: c'est pourquoi les poètes continuent d'écrire: pour renverser la vapeur du train qui fait chouchou, la nuit.
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