Éventrée, grise de plus d'un siècle, la tolle persiflée de balles de 22 par les nonos de garçons que nous étions, elle est toujours debout la cabane qui crépite dans mon enfance ensorcelée.
Je suis né comme un petit veau du printemps à la maison, pas à l'hôpital comme aujourd'hui. Mon père était en train de faire bouillir à la cabane. Il nourrissait le feu vif, puis transviderait sans doute le réduit dans une plus petite panne, sur un poêle auxiliaire, plus lent, plus ronflant où l'on peut suivre la chimie dorée, le point d'ébullition adéquat.
Je suis né comme un petit veau du printemps à la maison, pas à l'hôpital comme aujourd'hui. Mon père était en train de faire bouillir à la cabane. Il nourrissait le feu vif, puis transviderait sans doute le réduit dans une plus petite panne, sur un poêle auxiliaire, plus lent, plus ronflant où l'on peut suivre la chimie dorée, le point d'ébullition adéquat.
Ma tante Éva de Montréal, une mignonne petite femme pas plus grande que Juliette Béliveau, était en visite à la maison. Ma mère chargea sa soeur d'aller quérir mon père dans la vieille sucrerie. Elle marcha un demi mille dans la neige jusqu'au ventre pour avertir que les sauvages s'en venaient...
Telle est du moins l'histoire que j'ai conservée.
En quelque sorte, ma présence au monde commence par une absence dans cette cabane à sucre qui me précède de plusieurs planches.
Photo : JD.
Photo : JD.
5 commentaires:
Jack tout vivant, tout plein de sève depuis ce jour où tati ta tante Eva petite bonnefemme a marché dans la neige,
dans la neige jusqu'au ventre
jusqu'à ce père de sucre et d'érables.
naître jusqu'à la fin, tant que ça bouille !
Tant que ça coule. Après, viennent les bourgeons, les feuilles au vent, les poèmes dans le bleu du ciel.
Eille! J'va être en retard au quai (14h23).
Une bonne naissance.
La mienne à Longueuil. Ah!
Je suis heureux des cabanes à sucre de la beauce. De la menthe ! La tolle et les balles, ça me fait penser à la barouette que mon père et mes oncles tiraient dedans. Ils ont votre âge surement.
T-Rex, naître au pays de Jacques Ferron parmi les amélanchiers, les confitures de coings, les charrettes tirées par des rhinocéros et les grands draps verts cantiques des Irlandais claquant au vent, c'est une bonne naissance aussi. Ouais, il faut être Plymouth mille neuf cent cinquante queuque pour tirer des balles à qui mieux-mieux.
On aime ça naître !
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