25 mars 2007

Les mots, la charrue de Monsieur Chenot


N'essayez pas de suivre le poète français Gilles-Marie Chenot. Car il vous dira que tous les marcheurs sont égaux même si lui, à tous les jours de la semaine, sème sur son chemin trois poèmes de Petit Poucet dégourdis (cf. son blogue). Sans oublier les échelles, les rimes, les pointes du jour, les habits phosphorescents pour la nuit, et surtout l'amour.

Cette inclassable plume puise néanmoins sa haute joie dans les partitions et les chantepleures de la cigale qui, comme chacun le sait, chantera tout l'été et donnera à tout venant. D'où la légèreté dans les yeux du danseur aux accents graves s'étant un jour cogné le genoux, peut-être le coeur, voilà mon hypothèse, contre la craque indémontrable de la spiritualité.

Échancrure à l'aube des mots qui nous dépasse.

Gmc me fait l'honneur de venir très souvent faire un bout de voyage dans les wagons de Train de nuit. Il repart parfois tout de go dépecer un poème qui goûte l'eau d'érable. Il est comme un enfant qui veut jouer. Il est comme tous les enfants. Et je pense soudainement ici à Brel qui a bien vu les villes usées «par tous ces enfants de cinquante ans». Gmc ne ronronne pas comme un vieux moteur. Le croiser sur la route, c'est bien pire! Il a probablement cinq siècles de cambouis de Mystère et de mémoire recouvrée, mais reste que c'est en enfant vivant des Ardennes qui veut jouer.

À propos du recueil le Chant du Danseur, publié aux Éditions du Cygne, j'attrape au vol cette fulgurante présentation à la rubrique «Anthologie» de la Revue d’art et de littérature, musique, Numéro 24 - mars 2007, où l'on peut lire :

«Les souffles qui ont chanté la gwerz de Taliesin, les mains qui ont peint les tableaux de Picasso, les cordes vocales qui ont parlé le langage de Joyce, les pieds qui ont dansé le samâ’ de Rumi, les oreilles qui ont composé la musique de Mozart, le vent qui a porté les semelles de Rimbaud, tous ceux-là reconnaîtront dans ces textes les braises du creuset dans lequel fut forgée la lame au damasquin d’éther. Amis du feu, de l’air, de l’eau, de la terre et de l’éther, bon voyage sur cette lande désertique d’où jaillissent les laves des volcans de l’apocalypse d’azur.»

Gmc entame ces jours-ci des envois de cerfs-volant aux couleurs colibris de pods, des lectures où l'on peut entendre sa voix. J'ai d'abord entendu un texte sublime de Nina Louve , Naâm, très suavement rendu. Puis, j'ai bien reçu aujourd'hui une reprise de Ver de terre éternel.

Que de la musique et de la mousse, Gilles,
avec un fond de mots de ma cambrousse...
Un cadeau dépaysant comme je ne peux pas en faire.
Que je déballe à qui veut bien prêter l'oreille.
Je suis touché, gmc. Merci!

1 commentaire:

Anonyme a dit...

BRAILLEUR DE SILENCE

Petit Poucet braille amoureusement
Son murmure de soie délicat
Au fond des coeurs endormis
Dans la pollution et le bruit
D'écho en écho se promène le reflet
Des jardins de l'enfance
Même les dieux de la poussière l'entendent
C'est dire si son silence est puissant
S'asseoir sous un cerisier en fleurs
Respirer l'arôme du coeur
Rien de plus pour réaliser
Que là est la beauté