14 août 2007

Carnets pelés 1 - Triste cynique



Il me manque sur Train de nuit les premiers Carnets pelés entamés sur Libre Salmigondis, mon ex.

Je reprends d'abord ici le premier de la série, publié il y a tout juste un an, avec quelques ajouts et corrections mineures. Je copie-colle aussi les commentaires!

Vendredi 11 août 2006
CARNETS PELÉS - 1

J’entreprends ici une nouvelle série de textes tirés de mes fidèles carnets « pupitre clairefontaine ». Carnets pelés, ou le plaisir de grimper puis descendre pêle-mêle les barreaux du temps. Après tout, on n’est pas en prison!

***
4 janvier 1998
Figurer l'acte d'écrire au présent, écrire avec une telle concentration que seul l'enchaînement heureux des mots provoque la nécessité.


Là-dessus, je croise à nouveau Pauline Harvey qui dit adorer écrire toute la journée pour le simple plaisir de réfléchir (propos entendus à une émission littéraire, à la radio, en 1993). Quand on lui demande ce qu'elle fait dans la vie, elle ne dit pas « écrivain », elle préfère dire : je tricote!


11 août 2006
Où es-tu Pauline? Vas-tu nous montrer bientôt ton dernier tricot? Une revanche pour Berri?


4 janvier 1998
J'ai syntonisé un spécial Paysages littéraires sur Faulkner. Un autre piqué jusqu'à l'os. Son génie éclate à la Nouvelle-Orléans où il s'établit en 1922. Il écrivait partout, tout le temps. Il a forgé son pays en ses propres mots.


De l'écriture sort la réflexion.


11 août 2006

De même, l'action précède la pensée (vieil adage existentialiste).

Lu aujourd'hui ceci : "Words are not the end of thought, they are where it begins" (Jane Hirshfield, After).


27 mars 1998
Jardin du Complexe Guy-Favreau. Vent, soleil, oiseaux. On a fixé l'identification « Samothrace » à la sculpture de Vaillancourt qui était portée disparue depuis un bout.

Je pense à mon texte l'Épouvantail fait pour Michel Garneau. Épouvantail : machine à geiner.

Il est 15 h 30 et les oiseaux s'énervent. Je m'adosse contre la coque du beau bateau d'acier noir pour écrire. J'adore cette sculpture rude, massive, victorieuse. Elle est enjolivée de fils d'araignée qui ont passé l'hiver avec, ma foi.

Fil. J'aime imaginer les plages de temps réservées à écrire. Écrire dehors. Avec un peu de vif dans le crayon. Délicatesse et virilité. Broches à tricoter avec quelques bons coups de marteau! La rencontre d'un parapluie sur une machine à coudre...

Dans la similitude des jours passent l'intériorité et les accents graves de la vie ordinaire. On pense que tout se ressemble? Pourquoi avoir tant besoin des mots alors? Pour radoter? S'en faire accroire? Les mots oiseaux des printemps nouveaux... Pourquoi cette échappée sur nos lèvres? L'exclamation? Le silence. Le rêve? L'épouvantail au fond du jardin?


16 avril 1998
Jardin de Guy-Favreau. Ma grande fatigue se porte bien.


2 juin 1998

Michel Garneau lit L'Épouvantail aux Décrocheurs d'étoiles. J'ai raté l'émission. « Maudits mots de cristal/ qui perdent la boule/avec la peine dévissée par ma griffe! » (Début de l'Épouvantail)


16 juillet 2003

Le Musée canadien des civilisations accueille aujourd’hui pour la première fois une sculpture du réputé artiste Armand Vaillancourt. Intitulée Samothrace, cette imposante sculpture en acier de près de trois mètres et de plus de 3 tonnes a été créée en 1967.

Câlice! J'ai perdu mon chum du jardin de Guy-Favreau. Perdu mon dossier pour écrire! Une des plus belles oeuvres publiques de Montréal s'envole vers Ottawa. Et je suis tout fin seul à crier au meurtre!*

*Pour une illustration de l'oeuvre, voir mon entrée Salmigondis
du 9/04/07.

par Jacky boy | le 2006-08-11 23:15:39





3 commentaires:

Jack a dit...

Commentaire écrit le lundi 28 août 2006 à 00:04:30 (lien)
carOlinade - www.carolinade.com
J'aime tes carnets pelés. Les retrouve t-on sur le blog du train?


Commentaire écrit le lundi 28 août 2006 à 21:26:42 (lien)
Jack
Comme mentionné, je suis entre deux, côté blogue, pour ne pas dire entre trois!. J'abandonne à regret Libre Salmigondis car le serveur m'énerve; à regret parce que, comme disait l'autre,le médium colore le message. Je souhaitais que le Train soit plus bref et plus musical. Mais vu que je ferme Salmigondis, je suis en déficit de poésie et j'ai effectivement pensé ajouter une section carnets pelés. Ton commentaire m'y incite tout à fait. Merci!

Karo Lego a dit...

Jack ! je t'ai lu comme la fervente catho égraine son chapelet
comme les moineaux grignotent les poussières du temps
comme avec mes ongles, j'aime soulever la peau pelée après un sur-temps au soleil...
comme comme comme
comme tes carnets pelés sont délicieux !
j'avance en eux comme j'avancerais dans un jour sans soucis, libre et gai.

Karo Lego a dit...

je t'ai relu avec ce même plaisir que la fois d'avant :) comme on relirait un roman pour la Xe fois, sans jamais sans lasser...
comme j'aime lire Bobin quoi ! :) ahahha