Prologue de La Raison gourmande, Philosophie du goût, de Michel Onfray (Bernard Grasset 1995).
J'adore l'entrée en matière qui est autobiographique :
«Mon père travaillait une pièce de terre dont son patron lui avait laissé la jouissance pour qu'il en fasse un potager à son usage. Le précédent avait été englouti dans je ne sais quel remembrement à la dimension de la surface allouée : tout avait disparu, arraché, pillé, ravagé, enfoui dans le fouillis d'une terre en friche. Racines et feuilles cuites, fanes et ramures brûlées par la pourriture automnale, tout retournait à la terre qui digérait les reliefs de fruits et de légumes. Béances d'humus, tour de glèbe, végétaux butés, la pièce me semblait retournée comme pour un immense cimetière. Et la pluie, encore et toujours la pluie normande qui pénètre jusqu'à la moelle.» (p. 13)
Par ailleurs, ce Onfray à la tête dure dit de bonnes choses au sujet de l'ivreté. Dans l'ivreté, dit-il, il y a «de quoi prendre des leçons de philosophie» car l'alcool est le travail de la mort, «la vie continuée par d'autres moyens.»
Dieu a inventé l'eau, le vin est un cadeau de l'homme.
On se souviendra que c'est le père Noé, le premier déménageur de tous les clans, qui est l'inventeur du vin.
Noé a inventé «(...) le moyen de se faire léger, de danser, de conjurer un peu de la douleur qui nous afflige.» (p.85)
Onfray ajoute : «La pratique du vin, et des autres breuvages magiques, comprend le goût pour la marge, la limite, la frange au-delà de laquelle on sait qu'il n'y a pas de retour." (p.86)
J'adore l'entrée en matière qui est autobiographique :
«Mon père travaillait une pièce de terre dont son patron lui avait laissé la jouissance pour qu'il en fasse un potager à son usage. Le précédent avait été englouti dans je ne sais quel remembrement à la dimension de la surface allouée : tout avait disparu, arraché, pillé, ravagé, enfoui dans le fouillis d'une terre en friche. Racines et feuilles cuites, fanes et ramures brûlées par la pourriture automnale, tout retournait à la terre qui digérait les reliefs de fruits et de légumes. Béances d'humus, tour de glèbe, végétaux butés, la pièce me semblait retournée comme pour un immense cimetière. Et la pluie, encore et toujours la pluie normande qui pénètre jusqu'à la moelle.» (p. 13)
Par ailleurs, ce Onfray à la tête dure dit de bonnes choses au sujet de l'ivreté. Dans l'ivreté, dit-il, il y a «de quoi prendre des leçons de philosophie» car l'alcool est le travail de la mort, «la vie continuée par d'autres moyens.»
Dieu a inventé l'eau, le vin est un cadeau de l'homme.
On se souviendra que c'est le père Noé, le premier déménageur de tous les clans, qui est l'inventeur du vin.
Noé a inventé «(...) le moyen de se faire léger, de danser, de conjurer un peu de la douleur qui nous afflige.» (p.85)
Onfray ajoute : «La pratique du vin, et des autres breuvages magiques, comprend le goût pour la marge, la limite, la frange au-delà de laquelle on sait qu'il n'y a pas de retour." (p.86)
Photos : jd, jardin Béthanie 2007.
6 commentaires:
histoire de rire ou de sourire, deux vieux textes au sujet de ton thème:
ODE A MICHEL ONFRAY
Salut à toi, philosophe du pathétique
Charançon d'inutiles pensées mécaniques
Pondeur de vains discours creux et répétitifs
Vaniteux charlatan amateur de poncifs
De l'hédonisme tu te prétends représentant
Tu n'es pourtant qu'un intellectuel stérile
Plaisir et souffrance ne sont pas différents
Le croient les aliénés, les inconscients débiles
Tes paroles sont fondées par le nauséabond
De la pensée hystérique elles sont les otages
Neurones éteints ne sachant qu'un affreux verbiage
Que tu fais passer pour une belle érudition
Constructeur de viles théories insipides
Tu affirmes fort tes opinions essentielles
Qui se révèleront aussi creuses que vides
Constituées de fragments de superficiel
Tes idées sont du recyclage passéiste
Relooké aux couleurs d'un temps plutôt absent
Tu vends de la soupe aux malheureux indigents
Qui se réjouissent d'avaler ta bouillie laxiste
Le jour où tu sauras définir le sujet
Peut-être écouterons-nous ta prose arrogante
Fondée par l'autosatisfaction délirante
De l'épicier qui aime encaisser la monnaie
Sois rassuré tu n'es pas seul dans cette misère
Ce brouillon d'intellect qui brasse de l'ineptie
Nombreux sont ceux qui se complaisent dans l'avanie
De leurs fronts obtus ne jaillit pas la lumière
MICHEL ONFRAY, ROI HEDONISTE
Un beau jour, je me suis cru hédoniste. J’ai alors voulu travailler ce merveilleux profil et je me suis aperçu que l’hédonisme disposait d’un prophète répondant au doux nom de Michel Onfray. Ses ouvrages portaient des titres merveilleux : Politique du rebelle, le désir d’être un volcan, l’art de jouir, la sculpture de soi, les vertus de la foudre, théorie du corps amoureux, l’invention du plaisir.
Avec un énoncé aussi attractif, il était évident à mes yeux de nain campagnard que cet homme et son oeuvre opulente allait faire de moi le plus complet des hédonistes. Plein d’entrain, je me suis lancé dans l’étude des ouvrages conséquents de ce génie du plaisir.
Par une autre belle journée, dans une lucarne animée, j’ai vu et entendu un grossier bâton à l’attitude psycho-rigide, une vague imitation en contreplaqué qui débitait mécaniquement un discours préfabriqué et artificiel.
Ce jour-là, j’ai compris que je ne serais jamais hédoniste, comment peut-on être fou au point d’adorer des théories aussi fausses qu’éloignées de la vie ? Laissons donc aux hédonistes les collections de théories frigides et le soin de scléroser inconsciencieusement leur souffle, l’existence est bien trop courte pour perdre du temps à écouter des fariboles.
Depuis ce jour, j’écoute le chant amoureux des montagnes, je contemple la suave volupté des brins d’herbe, je caresse les hanches du vent et je souris devant les morsures glamoureuses du feu.
Non, vraiment, jamais je ne serai hédoniste.
Pas drôles ces «vieux» textes sortis des boules à mythes déçus! Égratigner, on dit ici grafigner, le jeune Onfray, très bon pédagogue à mon avis quoique je ne le connaisse que très peu, il vient rarement au Québec, c'est bien ta liberté. On dit qu'il a beaucoup de détracteurs et qu'il a même reçu des menaces de mort l'an dernier suite à la parution de son traité sur l'athéisme. Mais je ne trouve chez-vous que des arguments ad hominem qui ne sont pas en lien avec «mon thème», soit les ongles noircis par la terre desquels naîtront la légèreté, la danse, la vie autrement, c'est-à-dire aussi la mort. Épicure se faisait traiter de cochon dès son vivant. Curieux les mœurs. Curieux les philtres de l'entendement. Toujours à refaire les interprétations. Et là, nous sommes dedans le propre de la philosophie selon Gadamer. Onfray a le mérite en philo de parler aujourd'hui des anciens alors qu'il est de bon ton de ne rien vouloir savoir ou de savoir seulement ce qu'on croit vouloir.
le show-business peut se prétendre pédagogue, publier une chose tel que son pseudo-traité d'athéologie dans cette période actuelle n'est qu'une incitation de plus à la violence et aux dissensions, le tout pour des motifs ayant plus de rapport avec la recherche de notoriété qu'autre chose.
s'il était un philosophe en ce monde, il resterait toute sa vie assis devant la question "qui suis-je?", plutôt que de gloser sur des idées fictives sans fondement autre que le bruit du vent.
remarque, à ce moment-là, il deviendrait poète ou moine, au choix.
quant à faire léger, il suffit soit d'écouter onfray, soit de le lire, pour constater qu'il est ausi représentatif de la légèreté que de l'hédonisme.
soit dit en passant, patrick lévéeillé est mille fois plus léger, aérien, volatil que la prose lourdingue et alambiquée d'onfray; onfray, c'est pas du jazz.
SOURIRE D'EBOULIS
Gratter la terre tous les matins
De la lumière plein les mains
Les ongles noircis par la nuit
Que traversent les éblouis
Et toutes ces pellicules ensorcelées
S'envolent au fil vert de l'épée
L'acier rougit au fond des yeux
Des larmes d'encre surgit le feu
Qui ravage les terres de misère
Pour qui n'adore plus le fer
Gilles Marie Joseph! Très beau texte comme d'habitude. Mais quelle misère que de réduire le travail philosophique à l'introspection! Socrate n'est plus le seul laideron de la cité. Au demeurant, je ne cite rien d'autre de ton cher ami qu'un passage concernant la terre, la terre à terre. Il n'y a aucune thèse associée à la pourriture automnale. Si tu grimpes dans les rideaux pour si peu, c'est qu'il y a aiguille sous roche. J'ai croisé un écrivain qui est allé chez ton ami pour un interview télévisé en 1999. Cet interlocuteur m'a
confié : «Il aime bien s'entendre parler». Je t'accorde donc que sa stratégie de communication peut être irritante. Mais moi, je ne le connais que si peu et tu m'entraîne dans un pur dégobillas ad hominem. Ça me laisse froid. J'ai passé beaucoup d'années en philo mais sans avoir eu l'occasion de lire en profondeur ce philosophe ou ce filousophe, comme tu voudras, et je n'ai pas l'intention d'acheter ses 33 cd de cours! Toutefois, je sais qu'au moins 200 000 lecteurs se sont procurés le traité que tu maudis. Cela a donc mis le feu aux cités chez-vous? Tu n'est pas obligé de répondre. Nous n'avons pas le même lexique. Ce qui ne m'empêche nullement t'apprécier tes textes de lumières vives. Mais je te remercie à l'avance de laisser grande ouverte la porte à ma liberté éditoriale.
hola jack, tu publies ce que tu veux, no problem at all; par ailleurs, personne n'a dit que tu devais impérativement cesser de publier du michel onfray, en fait ça n'a aucune espèce d'importance.
après avoir acheté un nombre important de ses livres (et ne pas les avoir finis pour la plupart) et après avoir décrypté le manque de profondeur de ce discours rance, ici on a cessé de se laisser berner par le vent de l'autosatifaction négligente et infantile d'onfray.
en ce qui concerne le soit-disant traité, il ne fait que raviver les souffrances de beaucoup, leur permettant de (croire) se soulager en tapant sur les diverses religions du monde, "bouffons du curé" comme ce vieux fond anti-clérical qui sommeille depuis la fin XIXème, en somme.
d'une certaine manière, il a un effet cathartique, lol, permettant à certains de vider la bile dans laquelle ils croupissent.
néanmoins, onfray, comme beaucoup d'autres actuellement, à commencer par dantec qui s'est exilé chez vous, propage les relents d'une certaine société blanche à chemise brune, et travaille sur les ressorts de peur qui animent à l'heure actuelle le monde occidental.
personne ne veut regarder le palmarès des atrocités de l'humanité et voir ceci:
- l'occident actuel , c'est-à-dire toi et moi et tous les autres, est le premier exterminateur de toutes les sociétés qu'à connues l'humanité (les seconds et troisièmes du top sont hitler et staline, pas vraiment religieux non plus), à tel point que si srebenica -bosnie, 8000 morts- a été classé génocide par le tpi de la haye, il faudrait un autre mot, plus méga, pour désigner ce qui suit:
3 à 4 milliards de morts de famine en 30 ans, que cette merveilleuse société humaniste du progrès a les moyens de nourrir depuis autant d'années, moyens qu'elle n'utilise pas, de part son allégeance au dieu profit (in greeed we trust, lol).
la solution est pourtant connue et chacun peut se confronter à elle: il faut que chaque occidental diminue son niveau de consommation d'au moins 70% (niveau de consommation direct ou indirect, tels les services quand on habite en zone urbaine).
et cette solution est la seule et unique, le reste n'est que pur placebo moral.
faute d'appliquer ceci, il est important que chacun reconnaisse que la mort par famine de 50 000 enfants chaque jour, le laisse complêtement indifférent et qu'il s'en fout.
à cette évocation, généralement, on reçoit les mêmes réponses emberlificotées - toutes contenant de "vraies et bonnes raisons" de ne pas le faire - que quand on propose aux gens de se débarrasser de leur poubelle audiovisuelle...
Pour l'avoir lu, vu et entendu, je trouve que l'homme a peu d'un philosophe et beaucoup d'un revanchard. Du coup, les idées qu'ils veut défendre sont (mal) servies par un penseur à contre-emploi.
Théo
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