Le hasard avec un brin de nécessité a fait que ça s'est adonné de même : au cours des dernières semaines, j'ai rencontré rapidement Jean Barde et Christian Mistral. Avant ces rencontres, ils étaient avec Dany Laferrière (croisé lui aussi un soir de slam) et André Major, mes têtes de lecture à venir en vue de nourrir ce blogue.
J'ai dit à Jean Barde que je le lisais en tout premier lieu du temps qu'il était le boss à Voir, mais là,«je suis en retard dans mes lectures». Cela ne l'a pas dérangé. Le lendemain de notre rencontre, je me suis procuré en format de poche dans la collection Babel de Leméac Comment devenir un monstre. Je n'ai plus d'excuse.
Mistral, lui, je l'ai déjà interviewé en 1990 pour Train de nuit, version Radio Centre-ville. J'ai son Léon, Coco et Mulligan (Boréal) qui trône au-dessus de ma pile. Depuis la parution de ce roman, j'avais vaguement esquissé l'idée de reprendre l'interview que j'ai conservé en quelque part sur cassette afin de faire (peut-être) émerger quelques traits du jeune auteur que l'on reverrait dans le Mistral de la maturité.
Mais voici que tout cela est ravivé à la faveur d'une rencontre imprévue la semaine dernière au Quartier Latin alors que Mistral participait à l'émission Vous m'en lirez tant de Radio-Canada.
Raymond Cloutier interview Christian Mistral
Je ne reviendrai pas là-dessus, je ne veux pas que personne m'achale avec ça, mais voilà, j'ai connu de l'intérieur la bibliothèque que fréquenta Émile Nelligan dans son enfermement. Or l'exergue de Christian cite à peine quelques mots de Rêve d'une nuit d'hôpital, ça me touche, ça m'émeut aux larmes.
Mais il y a plus. C'est vivant au-delà des écrivains eux-mêmes la littérature. Hier, samedi, en auto, de retour de mes commissions, je pogne L'autre midi à la table d'à côté. Ça me prend quelques secondes pour identifier les voix. Mais le propos est d'emblée un régal. Barde & Mistral échangent! Pas d'esbroufe pour les micros. J'arrive au moment où les complices parlent d'alcool, d'esprit figé, de pensées de notaire. Ils parleront des peines profondes d'amour, du père, des enfants, de la liberté («la liberté fait mal», dira Barde), et toujours du métier.
Mistral répètera ce que mon ami journaliste et poète Michael Thomas Gurrie disait, Mistral répètera ce qu'il m'avait dit lui-même en 1990 : «Nous sommes toujours en train d'écrire.»
J'aime beaucoup ces deux-là. J'aime leur voix personnelle. J'ose croire que les éblouissements se partagent en toute égalité.
Photos : jd.
Photo Jacques Desmarais |
Mistral, lui, je l'ai déjà interviewé en 1990 pour Train de nuit, version Radio Centre-ville. J'ai son Léon, Coco et Mulligan (Boréal) qui trône au-dessus de ma pile. Depuis la parution de ce roman, j'avais vaguement esquissé l'idée de reprendre l'interview que j'ai conservé en quelque part sur cassette afin de faire (peut-être) émerger quelques traits du jeune auteur que l'on reverrait dans le Mistral de la maturité.
Mais voici que tout cela est ravivé à la faveur d'une rencontre imprévue la semaine dernière au Quartier Latin alors que Mistral participait à l'émission Vous m'en lirez tant de Radio-Canada.
Raymond Cloutier interview Christian Mistral
Photo Jacques Desmarais |
J'ai dit à Mistral que j'avais son roman, mais que j'en étais pour le moment à l'exergue. «Ah! C'est la première fois que quelqu'un me fait un commentaire sur l'exergue, me dit-il. C'est important de bien choisir un exergue.»
Je ne reviendrai pas là-dessus, je ne veux pas que personne m'achale avec ça, mais voilà, j'ai connu de l'intérieur la bibliothèque que fréquenta Émile Nelligan dans son enfermement. Or l'exergue de Christian cite à peine quelques mots de Rêve d'une nuit d'hôpital, ça me touche, ça m'émeut aux larmes.
Mais il y a plus. C'est vivant au-delà des écrivains eux-mêmes la littérature. Hier, samedi, en auto, de retour de mes commissions, je pogne L'autre midi à la table d'à côté. Ça me prend quelques secondes pour identifier les voix. Mais le propos est d'emblée un régal. Barde & Mistral échangent! Pas d'esbroufe pour les micros. J'arrive au moment où les complices parlent d'alcool, d'esprit figé, de pensées de notaire. Ils parleront des peines profondes d'amour, du père, des enfants, de la liberté («la liberté fait mal», dira Barde), et toujours du métier.
Mistral répètera ce que mon ami journaliste et poète Michael Thomas Gurrie disait, Mistral répètera ce qu'il m'avait dit lui-même en 1990 : «Nous sommes toujours en train d'écrire.»
J'aime beaucoup ces deux-là. J'aime leur voix personnelle. J'ose croire que les éblouissements se partagent en toute égalité.
Photos : jd.
3 commentaires:
"ils ont trempé dans la littérature alors que moi, j'y ai à peine posé mes lèvres et mes oreilles"...
Je crois que tu y as posé aussi tes yeux. Et ça, mon ami, ce n'est pas rien !
ooooooooooh... comme c'est beau. je me sens tout égale et légale, présente et émue par ta réflexion.
Comme si j'avais pris le thé, le houblon ou l'apéro avec toi et tes "neveux" les écrivains de ton coeur.
Oui, c'est peut-être surtout par les yeux que la littérature nous avale, nous mâche et nous recrache une vie plus supportable, une vie plus vivante. Merci Onassis de ta sensibilité d'autant que tu en connais un bout côté lettres.
Carolinade, c'est exactement ce qui transpirait des échanges du duo alors qu'on les invite au resto et que l'on capte leurs propos pour la radio. Quant à prendre l'apéro ou le thé, faisons donc en effet comme les arabes, en tous cas ceux que je connais, ne laissons jamais partir quelqu'un sans lui offrir la chaleur, la connivence, la tranquillité d'un bon thé. Merci!
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