09 février 2008
Louis-José Houde : l'oiseau moqueur
À l'automne, nous avions reçu en cadeau de Noé des billets pour le spectacle de Louis-José Houde à la salle Maisonneuve. Celui de jeudi dernier.
Excellent tour de piste de la vedette de l'heure au Québec!
Ce grouilleux petit homme a du Chaplin et du Deschamps en lui puisqu'il est verbo turbos wesper jet multiplié par dix, mais on le suivrait même si le spectacle était muet. Il marche sans arrêt, se garoche sur scène, mime l'écho dans son momologue ou bien sa machine à laver, la dégaine des hommes de soixante ans, une mère qui se lave au lac... Point de Ritalin assez fort pour l'hyper humoriste!
Moqueur? Oui, mais il ne s'agit pas seulement de faire le comique spontané. LJH est d'abord un fin observateur, génial en fait, doublé d'un fond de canisse de poète qui se laisse aller en patins à roulettes sur la patinoire de l'imagination débridée, elle même prétexte à défoncer la carapace parfois absurde d'un petit «toffe» inquiet. Il casserait la gueule au hasard si par hasard il le rencontrait!
Une ligne, un punch! C'est de même tout le long. Entrecoupé d'un solo de batterie absolument crédible pour valider le canular des vacances dans le Sud où, enfin incognito, il s'amuse à se faire passer pour un batteur de groupe rock...
Le gros du public de Houde n'a pas 25 ans. Son écriture reste éveillée!
Le portrait des momans et des popas québécois qu'il brosse à la fin du monologue sur les vacances hilarantes en famille, en Gaspésie, est d'une remarquable tendresse. Oubliez les niaiseries soulignées au crayon gras à la suite d'un récent sondage auprès de la génération X Y Z! Touchant. Critique. Mais toujours drôle.
En deuxième partie, les fouilles du clown deviennent sensibles. On ne s'empêchera pas de rire, se défend-il, même quand les sujets deviennent confidences plus intimes comme l'avortement de son ex. où le divorce tardif de ses parents. Un dialogue l'emporte sur le show off. La salle écoute intensément ce garçon brillant qu'on ne peut pas ne pas aimer. Mais l'oiseau moqueur ne reste pas longtemps figé sur sa branche. Il tient cela de loin, confie-t-il, de son père. L'artiste veut souligner l'humanité de sa démarche : blessures, embarras, dilemmes, déprime, nous ne les avons pas planifiés dans nos vies. Mais le comique de nos drames, si nous le laissons émerger, peut transformer en un pet le cours des choses.
L'humour si bien mené avec «une farandole de joie» sur le tableau de l'imprévisible vient nous surprendre, en effet, comme un «p'tit coup sec» qui fait beaucoup de bien, qui nous replace sur nos deux jambes pour «suivre dans la parade». C'est-à-dire, si j'ai bien compris, pour être au cœur de la vie.
Photo : jd
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