04 avril 2008

Le Passeur


Sous les rafales de tristesse
aux cornets Orléans

Plus intense que le froid de cristal
qui guette le sang

Plus loin que l’ombre
des valets inachevés


Plus tard que la poussière
de ce jour sans date


Plus haut que la fumée
des épinettes aux plumes d'or


Plus riche que le sombre père Market
dégoulinant de lettres sans pouls


Plus fou que mon coeur
allumé par les rames de ton corps


Plus joyeux que le désir papillon
du vent crapaud qui stance

Plus joli que les traces de blanc en avril
sur les ailerons du Nord...


Il n'y a pas encore assez de lys tigrés
qui se bigarrent dans les prés,


de rails invisibles
pour le chant goulou des hippocampes


de sculptures écarlates, de dignité,
d
’éperlans vigoureux,

de craies cerises pour le voyage

Pas assez de rires versicolores
dans le calice de tes yeux !


Va-t-il donc advenir
ce temps de répit et de caresses

cet hommage à l’Homme

pauvre flamme en carriole,

notoire ritournelle qui ricoche

entre les oies blanches et l’orage

entre la parabole et l’âne

stagiaire qui pommelle
sous les fadaises des puissants

griffonne des esquisses
jusqu’au flanc sourd de la mort


ce malin transversal
qui fait suer les archives de marbre...


Plus loin que les coups bas des empires

Plus vrai que le vrac
de la vieille machine à crime


Va-t-il advenir comme un arc

au-dessus du rêve

crevé de lune qui siffle


Le pont flambant neuf
des étoilés ?



mars - avril 2000

Ce texte fut lu à la radio de Radio-Canada par Michel Garneau,
Les Décrocheurs d'étoiles, le 25 août 2000.

2 commentaires:

Christian Roy, aka Leroy a dit...

te lire en écoutant Tryo en même temps relève de la plus poussée dichotomie incompatible.

poésie des écumes et légèreté font rarement bon ménage. les poussières s'accumulent entre le vrac et le vrai.

Jack a dit...

Un jour, j'avions des billets pour un show de Tryo au Spectrum. J'ai dû passer tout droit à cause d'une grippe de malade. Après, il y a eu, ici dedans,pendant des mois, une Noémie qui nous a seriné du Tryo à tous les matins que le bon Dieu amenait! Se lever avec Laver,laver la vaisselle... Tryo a sans doute bien senti que je les prenais en grippe. Sans blague, merci pour tes commentaires. Mais j'aime bien aussi respirer à la surface des choses. Qu'est qui pourrait fitter avec ce texte? Pas la moindre idée. Du Monk un peu sorcier peut-être? Je n'ai pas gardé l'extrait radio où Garneau me lit. Le gars de la discothèque à cette émission avait le don d'entourer les textes de musiques choisies époustouflantes. Pas du Bruce Daigrepont, en tk. Peut-être Yo Yo Ma,la Suite #3 en C mineur de Jean-Sébastien .