Rêver coûte plus cher qu'on pense, mais sait-on, en effet, ce qu'est penser, pour reprendre les terrains mous d'Heidegger?
Mais tel n'est pas mon propos. Je voulais me rendre en vélo à l'Ex-Centris, à la séance de 21h30, pour voir La lumière silencieuse. Heureusement, je redoutais le nuage gris foncé tout dépeigné qui rôdait au-dessus des toits; à présent, il tonne et il pleut; Lucky, le chien, tremble comme une feuille en ces temps-là; il est à mes pieds, penaud, tandis qu'une Belle Gueule, à défaut de St-Ambroise, est à portée de main. Je suis bien entouré.
Alors, j'ai lu et qui a lu lira. Je repasse aussi mes textes persos, récits à mon avis plus que poèmes, afin d'un tirer une publication, si l'Ange des livres le veut.
Comme une large part de ces barbots nourrissaient les archives et les gencives de Train de nuit depuis deux ans, le temps est venu de les mettre entre parenthèses et de voir s'ils peuvent emprunter des routes nouvelles, autrement. C'est la raison pour laquelle la rubrique «Poésie maison à la main» n'a plus de pots ni de fleurs sur ses étagères pour le moment. Je ne crois pas que cela dérangera beaucoup de monde.
Mais la tentation est toujours vive de laisser à lire... C't'une maladie qui est en dedans.
Remaniant tous ces gratte-coeur, il en est un que j'aime beaucoup et je songe même à l'utiliser d'entrée de jeu dans un éventuel recueil. Pour ouvrir le chemin. Nina Louve m'a reparlé de ce texte dernièrement. Michel Garneau, qui m'a fait l'honneur de le créer à la radio, en aimait beaucoup le début. Il y a aussi Caroline Legault qui en a fait une version enregistrée. Et rêver, même si cela coûte les yeux de la tête, et bien oui, je rêve d'interpréter ce texte un jour avec un Bernard Falaise à la guitare...
En reprise, donc : L'Hôtel Cody.
Mais tel n'est pas mon propos. Je voulais me rendre en vélo à l'Ex-Centris, à la séance de 21h30, pour voir La lumière silencieuse. Heureusement, je redoutais le nuage gris foncé tout dépeigné qui rôdait au-dessus des toits; à présent, il tonne et il pleut; Lucky, le chien, tremble comme une feuille en ces temps-là; il est à mes pieds, penaud, tandis qu'une Belle Gueule, à défaut de St-Ambroise, est à portée de main. Je suis bien entouré.
Alors, j'ai lu et qui a lu lira. Je repasse aussi mes textes persos, récits à mon avis plus que poèmes, afin d'un tirer une publication, si l'Ange des livres le veut.
Comme une large part de ces barbots nourrissaient les archives et les gencives de Train de nuit depuis deux ans, le temps est venu de les mettre entre parenthèses et de voir s'ils peuvent emprunter des routes nouvelles, autrement. C'est la raison pour laquelle la rubrique «Poésie maison à la main» n'a plus de pots ni de fleurs sur ses étagères pour le moment. Je ne crois pas que cela dérangera beaucoup de monde.
Mais la tentation est toujours vive de laisser à lire... C't'une maladie qui est en dedans.
Remaniant tous ces gratte-coeur, il en est un que j'aime beaucoup et je songe même à l'utiliser d'entrée de jeu dans un éventuel recueil. Pour ouvrir le chemin. Nina Louve m'a reparlé de ce texte dernièrement. Michel Garneau, qui m'a fait l'honneur de le créer à la radio, en aimait beaucoup le début. Il y a aussi Caroline Legault qui en a fait une version enregistrée. Et rêver, même si cela coûte les yeux de la tête, et bien oui, je rêve d'interpréter ce texte un jour avec un Bernard Falaise à la guitare...
En reprise, donc : L'Hôtel Cody.
HÔTEL CODY
Au sud de la province textile,
par-delà les chemins tordus que je croyais secrets,
le vent ébouriffait à l’envi les images de chameaux d’or
qui pétillent
dans la neige turluttante
C’était beau et fret.
Mais comme un faux-monnayeur de voyage
mal équipé, givré, en panne,
je devais m’arrêter
à l’hôtel Cody
Ça sentait le miteux, le tonneau de bière,
la fripouille, le cow-boy local, le tapis imbibé
et quelques filles à bras le corps
J'ignorais tout de l'alcool
et du dernier quartier d'hiver
La toile était baissée
Planqué comme un orphelin des steppes
parmi les pimbinas, les bûcherons, les révoltés
Peut-être que je te cherchais, mon ivrogne?
Pour déclamer cette soirée saoule autobiographique
qui s’infiltre en zigzags comme une couleuvre
entre les heures bourrées de caféine
Avec des voix de cornet en-travers de la tête...
La radio pisse du vinaigre de bêtes
pleurniche par le trou du vide
de la chambre vert pomme et gin,
avec des rouleaux de vieux verbes
et de la météo mentale.
Je suis gelé comme une balle
et il y a des halos de boucane impromptus
qui tapissent les murs de mes anciennes vies de fou.
Comme une mère prise dans son silence de morse,
la lampe éteinte m’offre ses condoléances
Je voudrais pourtant juste dormir!
sans tambour ni trompette
Mourir peut-être aussi...
Deviner une dernière fois
les idées qui s’enroulent,
les désirs qui s’embrouillent
en plongeant dans le roi désert
de mon cerveau enfariné,
de plus en plus écorché
par le sprint du solo de guitare électrique
qu’on entend venir du grill encore ouvert...
Descendre au bar incognito,
fripé au max comme un brouillon,
l’air de sortir d’une crevasse de la lune
avec une barbe de quatre jours
comme une défaite morale?
Ben...
Je n’ai pas le choix!
J’ai des coliques comme des guenilles dans le ventre,
des spasmes...
Je ne suis pas dans mon assiette!
J’ignorais tout de l’alcool
et du smashe qui pète au fret.
Et voici tout de go
dans le décor de bouleaux blancs et d’étoiles bleues,
une blondine sans dentier ni frontières
qui dégage du vieux spray net de star déchue,
assise sur le bout du tabouret noir à pitons,
tout près de moi...
Elle commence à couiner sérieusement
dans sa roue de bicycle de fièvre
Elle s’intéresse à moi, pauvre cloche!
me zieute, me dépiaute,
me contamine,
m’absorbe!
Elle me caresse la joue
tellement que je suis fin!
Mais qu’est-ce qu’elle me dit?!
Au milieu de la poudrerie et du vent qui écornifle,
les vitres jaunes et rouges de l’alcôve
sont en rut
Je suis ligoté ben raide
dans le lasso de lumière
de cette indienne à voile
qui m’emporte
avec ses histoires de gironde
à coucher dehors
à l’hôtel Cody...
Elle me tricote une tribu de femmes invisibles
des mortes, des vivantes, des grimpantes...
qui capturent par télépathie
l’éternité à gros grains
Puis, interlude dans la prière de ses yeux...
«Tu es de mon peuple!»,
me dit-elle soudain.
«Préfères-tu les filles ou les garçons?»
Maudit torieu de baptême!
J’aimerais ça des fois
être un gros taupin, un dur,
un sans coeur
un bélier
un remmancheur d’os indépendant
qui couraille comme il le veut
entre le tempo des mots épelés...
Hein, ma belle?
Faut pas partir en peur!
Faut pas charrier non plus!
Je ne suis qu’un pauvre camionneur.
Un camionneur... en réparation
à l’hôtel Cody.
***
7 commentaires:
Je te suis...
S'il faut cacher les fleurs, les racines et les pots pour les transformer en papier relié, soit, faites cher Jack. Mais ne nous sevrez pas trop longuement (sourires).
@ Onassis, l'ami furtif : as-tu vu La lumière silencieuse? Moi, pas encore. On y va ensemble?
@ Nina, ma douce addictive toujours si encourageuse sous le ciel de nacre... Sais-tu que poésie (du gr. ποίησις poiesis = faire, production)se dit en allemand Dictungh? Le même terme signifie aussi : «gasket» ou «washer». On peut donc parfois entendre la poésie dans son double fond (son double fer), avec quelques traces de cambouis sur les doigts, soit dictungh = joint/poésie.
Quand même Nina, te sevrer, non, mais pas plus qu'un par jour!
Go mon Jack... dis-les tes textes. Ton rêve est possible puisque vivant en toi. J'vois pas pourquoi tu pourrais pas scander tes mots avec B. Falaise à la guitare. Moé j'y croué entoucas ;)
ps: je viens souvent te lire... prend juste pas le temps de commenter ;) j't'aime grand Jack !
Karo
Ma grande trotteuse de Karo, MERCI! Same fourmis too.
Je viens de lire ca..tu l'as vu finalement ?
Le furtif et non pas fugitif !
Finalement, non! Pas encore...
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