27 décembre 2008

Oh! long Train de nuit







« Oh! long Train de Nuit
souvent
au Sud en direction du Nord,
au milieu des ponchos mouillés,
des céréales,
des bottes que la boue raidit,
en Troisième,
tu as déroulé la géographie.
C'est peut-être alors que j'ai commencé
la page terrestre,
que j'ai appris les kilomètres
de la fumée,
l'étendue du silence. »

- Pablo Neruda : Mémorial de l'île Noire, 1964.

Voix Nomades


La Poésie

« Et ce fut à cet âge... La poésie
vint me chercher. Je ne sais pas, je ne sais d'où
elle surgit, de l'hiver ou du fleuve.
Je ne sais ni comment ni quand,
non, ce n'étaient pas des voix, ce n'étaient pas
des mots, ni le silence:
d'une rue elle me hélait,
des branches de la nuit,
soudain parmi les autres,
parmi des feux violents
ou dans le retour solitaire,
sans visage elle était là
et me touchait.

Je ne savais que dire, ma bouche
ne savait pas
nommer,
mes yeux étaient aveugles,
et quelque chose cognait dans mon âme,
fièvre ou ailes perdues,
je me formai seul peu à peu,
déchiffrant
cette brûlure,
et j'écrivis la première ligne confuse,
confuse, sans corps, pure
ânerie,
pur savoir
de celui-là qui ne sait rien,
et je vis tout à coup
le ciel
égrené
et ouvert,
des planètes,
des plantations vibrantes,
l'ombre perforée,
criblée
de flèches, de feu et de fleurs,
la nuit qui roule et qui écrase, l'univers.

Et moi, infime créature,
grisé par le grand vide
constellé,
à l'instar, à l'image
du mystère,
je me sentis pure partie
de l'abîme,
je roulai avec les étoiles,
mon coeur se dénoua dans le vent. »


Pablo Néruda, Idem.

poète en révolte

2 commentaires:

Karo Lego a dit...

Je me souviens avoir pleuré en découvrant le poème de Neruda : Poésie.
On avait d'ailleurs déjà évoqué le film el Postino. Tu as vu Jack ? Magnifique.

Jack a dit...

Je suis content que tu ais pleuré sur ce poème! J'ai vu la pièce de théâtre au 4 Sous, mais pas le film. Pas encore.