« Tresser avec vous ce lien et cette délicatesse
Vous mes amis d'hier et d'aujourd'hui
Cette amitié dans la continuité
Un mot un regard un silence
un sourire
une lettre... »
- Pauline Julien, l'Âme à la tendresse
Est-ce parce que je suis affreusement, indécrottablement blues ? Est-ce parce que c'est l'anniversaire du décès de ma mère survenu un 22 août à Cowansville alors qu'elle n'avait probablement jamais mis les pieds auparavant dans cette ville? Ou bien est-ce cette remarque de Wajdi Mouawad au récent festival en Avignon?
Flash-back : au début de l'été j'avais lancé une perche longue distance.
Or hier, mes amis ont tous répondu « présent », même ceux qui habitent loin, même ceux qui ne sortent jamais de leur tanière ou qui ont des soucis plein les bras. Ils ont tous rejoué le coup de la complicité avant et après le fait dans le but d'aller en bande faire une fleur à notre ami André Lacoste qui joue au théâtre d'été, celui des Tournesols à Cowansville dans la comédie Vive la mariée !
Par les bons soins de Ketty, nous étions d'abord conviés en campagne à un 5 à 7* à la provençale chez son chum François dans sa superbe propriété du rang Desroches, à Farnham, qui se trouve, ô bel hasard, à moins d'un quart d'heure du théâtre. Blés d'Inde, melon & charcuterie, salades diverses, pizzas de luxe, du rosé, du cidre, du rouge, des tartes et des fromages de la région, nous n'allions surtout pas mourir de faim!
Trop excité, j'ai oublié de prendre la table en photo... Il y a au moins ce coin de table qui donnera un peu idée des lieux et de l'animation. Je n'avais pas non plus mon appareil pour croquer les beaux moments entre gars dans l'atelier de François, un Maître-artisan
« gosseux de bois », riche des outils et des techniques des anciens.
Michel, Jimmy qui parle toujours avec passion. En arrière plan, l'arrière train de Yves, Junior, le minou, François, Michèle.
Jacques, Aurélie, James Henry, Danielle, Yves, Marie-Christine, Michel, John, Bernard, Michèle, Carol, François. Le dénominateur et détonateur commun entre tous ces êtres est une princesse, la Princesse des Cantons-de-l'Est, communément appelée Granby. Plusieurs y sont nés. D'autres comme moi y ont étudié à partir du secondaire, sont tombés en amour et ont apprivoisé pour la vie des amis...
(Photo : Jo)
Cette escale de rêve trop brève, ce festin royal chez François n'étaient bien sûr que les préliminaires à notre soirée théâtrale.
François demeure loin du chemin. Le convoi se mit en branle à la queue leu leu dans la cour en direction des deux grands pins blancs qui bordent l'entrée. On aurait plu klaxonner, faire les fous. J'avais mis au coton un rift de Led Zeppelin, puis j'ai baissé le son. Flottait dans l'air un je ne sais quoi de solennel et de retenu. Comme un signe pour savourer totalement le moment présent.
C'est alors que j'ai fait le rapprochement avec les propos de Wajdi entendus en Avignon le mois passé. Il a dit quelque chose qui m'a frappé car je le pense souvent moi aussi. C'est que pendant que se jouait la trilogie à la Cour d'honneur du Palais des papes, l'auteur d'Incendie pouvait observer les gradins à partir d'une espèce de judas dissimulé en coulisse. En réalisant que dans 60 ans d'ici la presque totalité des 2000 spectateurs en face de lui seront morts, il ressentait en tant qu'être fini et non pas avec la prétention des dieux, nous confia-t-il, la gravité inouïe du moment présent.
Au milieu de tout ce bonheur intense et vrai, certains d'entre mes amis ne s'étaient pas revus depuis plus de trente ans, dans un val de verdure signé Rimbaud à faire claquer les bocks de bière, une ombre perdue comme ça est passée, en effet, me laissant entendre qu'un jour viendra où le même convoi à nouveau se réunirait en coulisse du front où l'un d'entre nous serait resté pour dormir.
François demeure loin du chemin. Le convoi se mit en branle à la queue leu leu dans la cour en direction des deux grands pins blancs qui bordent l'entrée. On aurait plu klaxonner, faire les fous. J'avais mis au coton un rift de Led Zeppelin, puis j'ai baissé le son. Flottait dans l'air un je ne sais quoi de solennel et de retenu. Comme un signe pour savourer totalement le moment présent.
C'est alors que j'ai fait le rapprochement avec les propos de Wajdi entendus en Avignon le mois passé. Il a dit quelque chose qui m'a frappé car je le pense souvent moi aussi. C'est que pendant que se jouait la trilogie à la Cour d'honneur du Palais des papes, l'auteur d'Incendie pouvait observer les gradins à partir d'une espèce de judas dissimulé en coulisse. En réalisant que dans 60 ans d'ici la presque totalité des 2000 spectateurs en face de lui seront morts, il ressentait en tant qu'être fini et non pas avec la prétention des dieux, nous confia-t-il, la gravité inouïe du moment présent.
Au milieu de tout ce bonheur intense et vrai, certains d'entre mes amis ne s'étaient pas revus depuis plus de trente ans, dans un val de verdure signé Rimbaud à faire claquer les bocks de bière, une ombre perdue comme ça est passée, en effet, me laissant entendre qu'un jour viendra où le même convoi à nouveau se réunirait en coulisse du front où l'un d'entre nous serait resté pour dormir.
« Pourtant nous savons que la vie est plus forte que la mort
(...)
Permettez-moi de vous aimer toujours ... »
Pauline, idem
(...)
Permettez-moi de vous aimer toujours ... »
Pauline, idem
Autre hasard des plus inusités : le fils de Jo se mariait aujourd'hui à Cowansville! Les gens des Laurentides se seraient donc de toute façon retrouvés dans les parages. Et la pièce à l'affiche s'intitule Vive la mariée!
André Lacoste, vétéran comédien, excellent, y campe le personnage d'un grincheux ratoureux qui tente de faire dérailler les noces de Lucie, sa nièce et fille adoptive (Emmanuelle Laroche). C'est un rôle très exigeant physiquement. Le prétendant (Benoît Mauffette) n'est pas un bon parti à ses yeux : il est roux, powète et pauvre! La mère, une Gère Mène ambitieuse personnifiée par nul autre que Pauline Martin, est littéralement plongée dans les préparatifs du mariage qui vont lui coûter un bras. Pauline Martin allume la pièce d'un bout à l'autre. Enfin, l'amie collante et increvable optimiste de Lucie est jouée par Julie Daoust, co-auteure de la pièce avec Hugo Turgeon. Cela complète la distribution. La mise en scène est de Normand Chouinard.
L'écriture burlesque « à la Symphorien » des jeunes auteurs est au service des contrastes et du rire. Point à la ligne du punch. La cible est honnêtement atteinte à plusieurs reprises. La scène où Dédé est aux prises avec une planche à laver récalcitrante rappelle les embardées physiques d'un Guimond. Mais on devine aussi, par retour de la bande, quelques préoccupations plus larges, par exemple, la question des préjugés en regard des différences.
À la fin de la pièce, tous les comédiens ont revêtu leurs habits de noce et traversent l'allée centrale de la salle, on dirait qu'ils sortent en grande pompe de l'église. Puis, comme cela se fait dans les mariages, en tous les cas ceux en campagne chez nous, la mariée et sa suite reçoivent les voeux des invités. Ainsi, les spectateurs peuvent saluer les comédiens à la sortie (tous le font), ce qui est ultra sympathique.
Attendant à la toute fin de la filée, c'est ainsi que, un à la suite de l'autre, nous nous sommes présentés à un Dédé qui ne s'y attendait pas.
C'était chouette et émotionnant!
André Lacoste, vétéran comédien, excellent, y campe le personnage d'un grincheux ratoureux qui tente de faire dérailler les noces de Lucie, sa nièce et fille adoptive (Emmanuelle Laroche). C'est un rôle très exigeant physiquement. Le prétendant (Benoît Mauffette) n'est pas un bon parti à ses yeux : il est roux, powète et pauvre! La mère, une Gère Mène ambitieuse personnifiée par nul autre que Pauline Martin, est littéralement plongée dans les préparatifs du mariage qui vont lui coûter un bras. Pauline Martin allume la pièce d'un bout à l'autre. Enfin, l'amie collante et increvable optimiste de Lucie est jouée par Julie Daoust, co-auteure de la pièce avec Hugo Turgeon. Cela complète la distribution. La mise en scène est de Normand Chouinard.
L'écriture burlesque « à la Symphorien » des jeunes auteurs est au service des contrastes et du rire. Point à la ligne du punch. La cible est honnêtement atteinte à plusieurs reprises. La scène où Dédé est aux prises avec une planche à laver récalcitrante rappelle les embardées physiques d'un Guimond. Mais on devine aussi, par retour de la bande, quelques préoccupations plus larges, par exemple, la question des préjugés en regard des différences.
À la fin de la pièce, tous les comédiens ont revêtu leurs habits de noce et traversent l'allée centrale de la salle, on dirait qu'ils sortent en grande pompe de l'église. Puis, comme cela se fait dans les mariages, en tous les cas ceux en campagne chez nous, la mariée et sa suite reçoivent les voeux des invités. Ainsi, les spectateurs peuvent saluer les comédiens à la sortie (tous le font), ce qui est ultra sympathique.
Attendant à la toute fin de la filée, c'est ainsi que, un à la suite de l'autre, nous nous sommes présentés à un Dédé qui ne s'y attendait pas.
C'était chouette et émotionnant!
Les comédiens saluent les spectateurs à la sortie du théâtre. André et Yves, complices musiciens, se retrouvent.
2 commentaires:
L'Amitié, comme la plus belle des zizamies. ;-)
Merci pour cette autre belle peinture de votre recoin de pays. Les mots simples de l'impressionnant, les plus vrais.
Merci de passer, Le Seuil.
Zizamie vous-même.
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