27 août 2009

Dunn : « t'es pleine de gadelles »

Crédit photo : Olivier.


Je suis allé aux gadelles en campagne, il y a un mois, gagnant la talle échevelée qui se trouve dans les broussailles sauvages en dessous d'un cercle d'érables; elle se trouve là depuis toujours. Je ne mens pas : ce gadelier me préexiste.

J'ai voulu alors tirer une photo sachant que je ferais éventuellement un papier autour des poèmes que Nicolas Dunn m'a envoyés le 1er mai dernier.

Mais il mouillassait, mon kodak était dans la chambre... J'ai mangé mes poignées de gadelles, puis je n'ai plus pensé à la photo.

En effet, d'aussi loin que je remonte dans l'enfance, au cœur de l'été, surgit ce beau clin d'œil, frères, sœurs, parfois cousins, cousines, nous allions aux gadelles. Le temps de le dire parce qu'il n'y en a jamais eu des tonnes. Le chic du chic pour allumer encore plus la saveur sucrée acidulée des petits fruits : apporter une salière, licher un peu la grappe qui tient dans le creux de la main, puis enrober le tout de sel! À ma connaissance, jamais je n'ai raté ce rendez-vous annuel.

En dehors de ma cambrousse, je n'ai pas entendu souvent prononcer le mot « gadelle ». Sinon, c'est sûr, mes oreilles auraient vibré. On dit « groseille » en France. Paulette Vanier écrit : « On suppose habituellement que “gadelle” est un québécisme puisqu'il n'apparaît pas dans les dictionnaires modernes, mais c'est une erreur, car on a retrouvé “gadelle” et “gadelier” dans l'édition de 1743 du Dictionnaire universel françois et latin de Trévoux. »

Ça prend bien un Nicolas Dunn, frère de race rurale, pour éparpiller ici et là dans ses textes de puissantes traces de flavonoïdes antioxydants.

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Toile de Nicolas Dunn.

« T'as les yeux en sarracénies pourpres,
t'es pleine de gadelles »



« Comprenez-vous notre obsession pour le déplacement de la matière / le jardinage et les caresses / sais-tu mon amour pourquoi nous questionnons les fleurs? (...) »


«(...) Sentiments d'Appalaches à la frontière du New Hampshire je voulais lui montrer (...) tous les fantasmes que j'ai entassés au pied du morne nous n'avons rien vu nos thermos fument encore ça sent l'earl gray nos voix tombent à nos pieds. »

« C'est tellement beau dans ma tête, une pitoune qui regarde un if. Sa robe blanche est couverte d'imprimés quatre-temps. Dans ses cheveux noirs, son oreille, elle a glissé un forget me not. Son iris est bleuet. Sa bouche est une bouche et le reste est le reste. Autour d'elle, une ruelle d'Hochelaga, c'est beau quand j'entends parler québécois, ça sonne bien. Je me demande si la ruelle tourbière existe (...).

« Je regarde la prunelle de tes yeux de poisson / tes impatientes de cap / ta gadelle toute nue dans l'eau vivante (...) / gadelle gadelle / le fermier nous espionne sur la berge / fuyons gadelle (...) / fuyons, fuyons! »

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La peinture reproduite plus haut est de Nicolas alors que la photographie de la gravure avec le titre est de son ami Olivier.

Nicolas m'a donné l'autorisation de publier des extraits même si la version achevée de son manuscrit, signé «Alexnadre (sic) Bernier » n'est pas encore établie. Je l'en remercie. J'ai apporté ici quelques corrections mineures.

Il n'est pas besoin d'ajouter que j'aime ça en siffleux!

(Photo jd)

La photo des gadelles est tirée du site Au jardin de Jean-Pierre situé à Sainte-Christine, le village voisin de ma cambrousse. Un lieu exceptionnel.

5 commentaires:

gaétan a dit...

Des gadelles me rappellent en avoir manger il y a longtemps de ça par exemple....

Jack a dit...

Gaétan, est-ce que c'était sur la Côte-Nord?

gaétan a dit...

Oui sur la C-N mais c'est possible que je confonde avec un autre petit fruit ou baie sauvage. Me rappelle pas que cela poussait en grappe...
L'homme de la photo avec la casquette de l'an 2000 me fait penser aux frères Hanson de Slapshot :)

Jack a dit...

N-N, tu veux dire le long de la voie ferrée? Est-ce qu'il y avait des broussailles autour?

Le fruit vient par grappes vraiment petites,des grappettes. Certains disent que la gadellier est indigène, d'autres qu'il fut introduit de France.

L'homme à la casquette et aux lunettes extrêmes, c'est Nicolas, bien sûr.

gaétan a dit...

Oups côte-nord...