05 février 2010

Mes étoiles du troisième trio


Ton regard flotte dans la sciure
sur les étagères du vide
Moi, je ne compte pas
J'ai perdu la page

Je cogne des clous
sur ma faim de vers
qui barbarent et dévergondent

Je n'irai surtout pas au cinérama ce soir
J'ai le patin de la paperasse déloussé
N'assisterai point
au Festival de la Rosée Salée
Trop mal au dos
de ma clarinette
et c'est écrit en toutes lettres
galopantes
dans la préface de notre histoire :
les voix me hantent,
je suis tanné!

Mon étrangère de volte-face
je n'insiste pas
Je ne prendrai jamais ta main
que tu as glacée avec tes chaudes larmes
Je n'agraferai pas
le scalp de tes rêves
au mur de mes fermentations
J'aurai un « graphe de la cible
entourné dans l'oeil » *
Et je mangerai ton cœur cru en silence
ce fruit trouant ma langue**

Je volerai les vers de Fernande
Je pigerai dans les colombes
dans les Critures de Fernand

J'aurai des criques
et des girafes à revendre

« heureusement
l'homme de la corde raide : la poésie
la corde bandée
est toujours un peu vulgaire
et ses spectateurs un peu criminels » ***

Je serai « celui qui hurle
tu rames tu rames tu rames » ****

celui qui ne voit plus clair

Je serai celui
qui entendra battre
tes yeux.


____________________________


Mes étoiles du troisième trio

* Denise Boucher, Un joint universel, Écrits des forges /Éd. PHI, 2001, p. 161
** Fernande St-Martin, La fiction du réel, poèmes 1953-1975, l'Hexagone, 1985.
*** Fernand Durand & Michel Garneau, Critures, Michel Brûlé, 2007, p. 38
**** Denise Boucher, Foot, op. cit., p. 70.

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