24 mars 2010

Carnets pelés 31 - Correspondance sur les traces de L'ange vin



Date : samedi 7 novembre 1998 05:21
Objet : Les mots et les jours
Cher M. Baillargeon,
Chaque fois qu'il fut question de poésie dans vos chroniques au Devoir (notamment à propos de Langevin hospitalisé, une autre fois, vous disiez lire de la poésie pour vous remonter le moral...), eh bien, oui, ça me donne envie de laisser un salut en passant. Car ils ne sont pas si nombreux les sérieux bommes.

Je m'exécute donc suite aux Mots-à-maux d'aujourd'hui.

L'atomisation spotée à quatre épingles de l'information télévisée ne fait rien comprendre en effet. Sinon, comme le dit ma compagne quand elle écoute RDI de 21h00 à 21h15, on comprend que la roulette a tourné une autre fois. Bonne nuit. À demain.

La poésie? Comme grain de sable?

Pour moi, très égoïstement, c'est une manière de laisser mon cerveau se mettre un peu à l'aise. Lire de la poésie, surtout le matin, mais quand donc pourrait-on avoir le temps de! - c'est laisser les oiseaux prendre le dessus.


7 novembre 1998,

Salut,
J'ai bien reçu votre courrier et je vous en remercie.
Connaissiez-vous Gilbert également?
Je vais lire votre texte avec attention et suis heureux que vous ayez pris le temps de me l'envoyer.
Amitié et courage,
Normand B.
Date : mercredi 25 novembre 1998 04:52
Objet : La fumée d'un trait
Salut,
J'aime beaucoup Gilbert Langevin qui est comme un aimant. Sa poésie, ses chansons nous rentrent dedans, passent à la fois par le cœur et la lucidité. Non, je ne le connaissais pas intimement. (...). Un soir, je l'ai aperçu assis au bar du Blues Clair. J'étais bien trop timide pour l'aborder!
J'ai aimé apprendre que vous l'avez recueilli.
Je joins, si ça vous chante, un texte qui est comme une espèce d'album où j'ai placé tout ceux que j'aime. L'Ange Vin y est.
Au plaisir.

26 novembre 1998
Merci. C'est très beau.
Jean Custeau a sorti un album sur des textes de langevin et l'a appelé Le Vin des Anges.
Amitié,
Normand B.


28 décembre 2004

Bonjour Monsieur Custeau,
Je voudrais savoir si la musique de la chanson Le vol imaginaire (CD - Le vin des anges) est publiée et disponible en quelque part?
Vous remerciant à l'avance.

Jacques Desmarais


29 décembre 2005


Bonjour Monsieur Desmarais,
En fait cette musique est publiée sur le cd Le vin des anges que vous semblez avoir. Elle n'est pas disponible en feuilles de musique. Cependant, si vous me dites ce que vous voulez faire avec cette musique je pourrais certainement vous envoyer les accords par courriel. donnez-moi des nouvelles par courriel ou téléphone


14 janvier 2006



Cher Monsieur,



Excusez le délai de réponse.

J'écris parfois des textes dont plusieurs ont été créés à la radio.

Actuellement, je prépare une soirée dans un café [...] au cours de laquelle je lirai mes textes et serai accompagné d'un pianiste et d'un contrebassiste.

Bien que je sois piètre chanteur, j'ai songé un moment insérer dans mon récital cette chanson de Langevin que j'apprécie tant et que je peux faire jouer deux-trois fois d'affilée... Je ne m'en lasse pas.

Le rêve est développé ici par Langevin sous le mode du bonheur, du «trip » heureux. Je trouve que c'est un point de vue rieur et ensoleillé. Malgré le retour sur le plancher des vaches où s'effacent quelques signes éblouissants, c'est comme une « percée de soleil » (...) au milieu d'un ciel de grimaces. En poésie, le ciel du Québec est traversé par ce grand Vaisseau d'or de Nelligan. Mais ici, le délire tourne à la tempête : le cœur, navire déserté, hélas, a sombré dans le rêve. C'est un abîme sans fond... Pour Langevin, le rêve est tremplin vers le pays des images.... On part, on revient, on retournera quelque part... C'est la vie.

J'aime votre musique aussi parce qu'on y sent bien le mouvement de l'oiseau suggéré par le texte. Très réussi.

Comme mon plan final n'est pas encore arrêté et que mes interventions chantées doivent être limitées au risque de faire fuir le monde, ne vous donnez pas la peine de me faire suivre les accords. Mais si je me décide, je vous reviendrai là-dessus.

Merci beaucoup de m'avoir répondu.

Si jamais vous venez chanter à Montréal, faites-moi signe. J'irai vous entendre avec grand plaisir.

Je vous donne à lire un des textes qui sera au menu et qui date de 2000, à peu près.

Au plaisir,

Jacques

Envoyé : 12 août, 2005 12:31
Objet : Re: Américois/quois!

Salut Jacques,
Effectivement, je pense que c'est un des plus grands cadeaux que la vie m'ait faite d'avoir eu Langevin comme ami. Une petite anecdote : il avait l'habitude, discutable pour certains, de téléphoner vers 4 ou 5 heures du matin. Il lui arrivait souvent de me téléphoner. Même mes enfants ne s'en faisaient pas pour ces appels nocturnes, ils savaient que c'était Gilbert et ils se rendormaient.
Mais ce qui était fascinant, c'était que l'objet de ces appels était pour me lire le poème qu'il venait tout juste d'écrire. Il parlait de chose et d'autres (généralement il était ivre) pendant une demi-heure, plus ou moins, et là il en venait au fait, il me lisait le poème qu'il venait d'écrire et pour ça, j'en remercierai toujours les dieux. Quand Gilbert lisait un poème, il se transformait, sa voix devenait belle et chaude et on sentait toute l'émotion qui l'animait.
Merci pour le changement dans l'orthographe d'Amériquois.

En terminant, envoie-moi ton adresse physique, je t'enverrai mon dernier CD qui contient, entre autres, la chanson Amériquois.

Salut, à bientôt,

Jean Custeau

17 août 2005


Bonjour Jean,


J'imaginais Langevin semblable à ce que tu décris et je comprends ce que peut représenter ouvrir sa porte, même « à l'heure des ivrognes » pour dire comme Bernard Dimey, et accueillir, sans doute le plus souvent en silence, de grandes coulées de création vive. Pour qu'il eût souhaité partager tout de go, il fallait qu'il t'aime beaucoup, que tu sois à ses yeux un interlocuteur valable, c'est-à-dire quelqu'un qui prend soin de son ami.


Michael Thomas Gurrie (...) était aussi un drôle de poète qui aurait aimé se débarrasser un jour de sa plume de journaliste sportif (à la Presse canadienne). J'ai connu Mike à la Faculté de philo de l'Université de Sherbrooke où nous avons fait les quatre cents coups, partagé des dizaines de textes, écouté Dylan, Cohen, Ferrat, tout en étudiant bien moyennement! Il retentissait comme ça par téléphone ou en personne, très souvent imbibé, à la hauteur de sa réputation d'Irlandais... Mike est décédé à 41 ans d'un accident cérébral. Sa présence dans ma vie reste comme phare.

Si jamais ça te le dit, je joins un texte qui s'inspire et transpire de ce bon diable malcommode, et qui a été lu par Michel Garneau sur les ondes de Radio-Canada vers 2000. J'ai récemment fait entendre cette lecture à l'une de ses anciennes compagnes et elle croyait que c'est Mike qui était l'auteur du texte!

Par ailleurs, je me sens bien sûr honoré à l'idée t'écouter ton dernier CD


Merci!

Jacques

12 septembre 2005


Cher Jean,

J'ai bien reçu le CD avec grand bonheur. N'ai pu en faire le tour que la semaine dernière, en auto, de Montréal à Austin. « Ça va, ça vient » et «Porté disparu» ont fait en boucle à elles seules beaucoup de kilométrage. Il y a une palette de couleurs dans les orchestrations qui ouvrent en beauté avec l'accordéon, puis harmonica, flûtes de pans, brassées de bien des manières. Le son est très bon. Il a aussi des dettes qui se remboursent rubis sur l'onde (Gauthier, super bonne toune, le grand Tit-Jean, puis Leclerc-Richard dont tu reprends en croquis la photo célèbre parue dans La Presse et que j'ai conservée, clin d'oeil à Brassens enfin où je comprends que tu as fait Le P'tit Bar). Il y a de la tendresse et de l'amour (chanson du père à sa fille, la très émouvante chanson de l'ami qui célibatait...). Il y a parfois de la guitare électrique style vieille salle de danse que j'adore et qui, dans l'Amériquois par exemple, se lance dans un two steps très réussi. Et j'en passe, et j'en passe... Il y a par-dessus tout une voix très originale qu'une amie, passagère avec moi (dans l'auto) a relié à Georges d'Or. Et je maudis une fois de plus Radio-Canada qui a pulvérisé la Chaîne culturelle où, jadis, il me semble t'avoir entendu tourner par les bons soins d'Élisabeth Gagnon. As-tu fait suivre ce CD à Radio Montréal (CIBL) et Radio Centre Ville? C'est que l'on souhaiterait, après audition, que le plus grand nombre déguste ce CD « estrien ». Tu as réussi par bien des côtés à tisser un disque populaire dans le beau sens du terme.


Merci beaucoup.

Jacques



12 septembre 2005

Salut!
Ça paraît que tu sais écouter. Tes commentaires sur mon disque m'ont fait le plus grand bien. Quand le disque est sorti, j'ai eu un producteur qui s'est montré intéressé de s'en occuper. Mais, il voulait s'assurer de pouvoir avoir une diffusion «régulière» à Radio-Canada. Cependant aucun des responsables des émissions qu'il a sollicités n'ont voulu se commettre alors il a laissé tomber. Alors que Monique Giroux m'a dit : « que j'avais manqué d'audace musicale sur ce disque », j'en ai été atterré, ironie du sort, Elizabeth Gagnon a employé les mêmes mots en disant que j'avais eu l'audace musicale de n'utiliser que de l'acoustique...
Effectivement, seule Elizabeth Gagnon a démontré un intérêt qui ne s'est jamais démenti envers ce que je fais, au cours des années.
Par négligence, et parce que j'étais découragé de ce qui s'est passé à Radio-can, je n'ai pas encore envoyé le disque à CIBL et Centre-Ville, mais je vais le faire bientôt.

Merci encore, à bientôt.

Jean Custeau

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Photo jd

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