Plutôt blues aujourd'hui, je trouve, dans les médias côté campagne électorale. Je ne parle pas des niaiseries de la CAQ qui a pris le champ et qui n'a pas fini de nous étonner dans le sens broche à foin et contradictions à la noix. L'écrivain François Hébert y va d'une lettre au Devoir ad hominen à fond le crayon contre « maman Françoise et papa Amir ». Un beurrage de mots qui vole bas côté idées de fond. Puis, toujours au Devoir, Mme Andrée Ferretti que j'aime beaucoup pour son immense culture littéraire, philosophique et politique, son coeur aussi, s'enligne pour le PQ qu'elle souhaite tout de même plus radical! Cela est écrit après avoir si finement appuyé Qs à l'hiver 2011 lors du 5e anniversaire du parti*. « J'appuie Québec solidaire, disait-elle alors, parce que le PQ a fait la preuve depuis 40 ans de son impuissance à la réaliser [l'indépendance], pour ne pas dire son manque de volonté. » L'auteure du Roman non autorisé est-elle aujourd'hui comme hier « pour la pleine mesure des choses », pour la vitalité de la gauche ? Bien sûr, il faut parler unité, le maître mot de Madeleine Parent. Mais la sourde oreille et les couleuvres au PQ (Duceppe, Dubuc, Laviolette, Paquette, Lisée, Alouette...) ce n'est toujours bien pas Qs qui les invente!
Enfin, pour achever le plat, au téléjournal, Céline Galipeau visite une famille dite baromêtre de St-Jean. Sympatique et sans doute représentative de beaucoup de gens de la classe moyenne, chacun étant très intéressé par la « joute » politique au sens sportif, mais somme toute peu politisé au sens de prendre minimalement en considération le pourquoi et le comment des enjeux en éducation (pas un mot sur les revendications étudiantes), en santé, etc. L'effritement du pouvoir d'achat de la classe moyenne est fortement ressenti, puis, on a bien aimé la prestation de Mme David au débat des Chefs, mais on saute dans les bras de la CAQ! Ca sent la CAQ à pleins tubes. Ça sent les effets de la droite qui trouve si adroitement le tour de retomber sur ses deux pieds, peu importe les crises et les acteurs du moment, adapte les canaux et les rouages de l'exploitation pour cristalliser infiniment son emprise politique. La CAQ, c'est l'ADQ, c'est la réingénierie libérale, c'est les lucides, c'est tout ce qu'on a essayé depuis 50 ans, c'est considérer l'Hydro comme un « monopole » (Legault dans son bla bla d'aujourd'hui sur les ondes de radio-can)... La CAQ, c'est vraiment le changement dans la continuité pour faire le ménage, c'est-à-dire, dégraisser ce vil État! La CAQ en plus familial et couleur locale, c'est les conservateurs à cheveux longs qui sont par ailleurs détestés par la population! Il s'en trouve une couple de ceux là aussi au PQ!
Bref, rebâtir le consensus politique autour du bien commun est un défi vital qui va prendre au moins 20 ans, écrivait mon ami Jean-Paul Damaggio. En ce sens, le vote à gauche fait déjà LA différence. Et que c'est qui disait le poète Godin ? De mémoire : Nous sommes nombreux à être seul, mais nous sommes plusieurs à l'être. Ça fait que je file blues, mais ce n'est pas pour rien.
* Conférence de presse, 5e anniversaire de Québec solidaire, février 2011. Mme Ferretti prend la parole vers 12,30.