09 octobre 2012

L'automne crève les yeux de loin


Decà, delà,
le sevrage, dirait Verlaine,
dans les coulisses
des longs violons qui sanglottent
malgré le fouillis lumineux
jaune, orange, pourpre,

bien avant le croquefort
du grand fret,
fruits et insectes
sortent de scène

et mon merle
a perdu son bec

bye bye éperviers, épervières
cerfs-volants et virgule solaire

gélinottes marines d'automne,
parulines aux chants sucrés,

canards canards fouillés
canard en v
canard colvert,
bernache décolletée,
fuligule à collier,
canard branchu,
grand harle,
macreuse brune,
canard pilet,
canard cafard
harel de Kakawi,
petit garot

canards calvaire

grosse parade dans les nuages

tous ces voyageurs ailés
sont vont jonglant
au diable vauvert

ils auront soif dans leur sang

et puis quoi faire avec les crapauds leclerc
et les araignées mageures
cachées au fin fond des bois
du rossignolet?

parmi toute la vrillance des sauvagines,
dans les grands reflux des ciels couverts
au-dessus des épinettes noires
petite pensée claire
émigrante underground
de la grosseur d'une tête d'épingle
pour les sweltes et impognables
libellules vertes, rouges, brunes?

frèles friandises
aux prouesses interdites,
migratrices
aux ailes jointes
transparentes nervures
frites à l'air
passées à l'eau

demoiselles élégantes
aux reflets métalliques
qui flirtent
jusqu'à l'éclatement
des quenouilles
des marais

mais s'ennuient-elles les dimanches au soir?

elles partiront aussi
comme en nuées de martiennes
avant la fin du bail
à travers bouleaux jolis
et papa l'ours
et les feuilles nourricières
en vol fatal,

guidées par les étoiles
avant la tombée
de la neige

elles disperseront
lumières nouvelles
sur le train bleu
du vent

de Chicago
jusqu'à la belle Louisiane

jusque sous les pattes
des aigrettes blanches

en ces bayous
de mystères
impardonnables

elles s'en vont
ramasser l'avenir.







2 commentaires:

Le Seuil a dit...

C'est ce que j'appelle avoir les deux mains sur " volant "...
Magnifique!

Jack a dit...

Merci Louise!