13 décembre 2012

Isabelle Miron à l'ambassade Juan Garcia

J'ai feuilleté. Dans Poésie de perdition, poésie salvatrice (Éditions Nota bene, 2012), essai comparé des parcours dans les poèmes de Michel Beaulieu et Juan Garcia sur le thème du corps, Isabelle Miron (études littéraires, UQAM) tient comme une quête de sens le flambeau au-dessus des abîmes d'un poète québécois méconnu, Juan Garcia, justement. L'auteur veut mettre en pratique une « critique d'accompagnement » (p. 25).  Dans la présentation en dos de couverture, on voudrait prendre en délibéré comme un écureuil se fait des cachettes, entre autres approches disciplinaires, ce couple intriguant : l'alchimie sotériologique...
(Sotériologie : σωτηρία, sôtêria « salut ». Étude du salut de l’âme.)

Cela apparaîtrait possiblement au premier abord confondant ou ambiance de solde de new age s'il n'y avait pas aussi la tentative de soulever l'expérience du regard du poète posé sur l'absolu du réel, plus que le surréel selon la préférence de Garcia.  Ce qui ouvre les portes battantes et lointaines de l'astrophysique aux humbles porteurs de poussières d'étoiles.  Et là, par là, on s'en va vers une talle des plus vibrantes, celle des atomes de silence et la chance des fruits mûrs. Voyez : l'azur.

«Pour que l'oiseau dans ton regard
 file plus haut, fende le noir
en des levants plus loin que la terre » (p. 138)    

Mais par ailleurs, pour le temps présent dans la peinturlure du futur intérieur, voici un beau billot de douze pieds de Garcia.  Que ce soit novembre ou décembre.


ODE A LA BLANCHEUR

Je ne veux pas mourir comme on meurt en novembre
avec ce rien de nuit qui nous remplit les yeux
et cette fin du monde au bout de nos regards
quand le souffle pesant qui trahit notre pose
une dernière fois nous déçoit de silence
et qu'il faut vérifier le visage des hommes
pour voir si la douleur les touche de profil
et s'aveugler enfin dans son âme à jamais

Or je ne veux point vivre en amont de ma vie
ni prier le soleil d'un surcroit de lumière
tel ce mime de moi cassé dans ses genoux
qui demeure la proie d'un pays de passage
où tout est périmé hormis le temps qui passe

Je ne veux que finir dans un coin de la nuit
sans un arrêt de cœur en guise de contrat
et comme chaque mot me change le décor
à même le sommeil qui me tient clandestin
je veux tomber d'un cri si je meurs en novembre

- Juan Garcia





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