Wayne Shorter Quartet : mystère et vélocité

Le légendaire saxophoniste Wayne Shorter s'en va sur ses 80 ans et dit monter encore sans filet sur scène comme un explorateur cherchant l'intensité du jeu avec les musiciens de son réputé quartette qui tient la route depuis plusieurs années, de méchants bons musiciens qui se débattent comme des diables et qui se nomment Danilo Perez (piano), John Patitucci (basse) et Brian Blade (batterie).

Sans filet? C'est en tout cas le nom du plus récent opus du groupe : Without a Net, sur étiquette Blue Note.

Dans une interview du New York Times publiée dans l'édition du 3 février 2013, on récapitule : le vétéran jazzman allait écouter Charlie Parker au Birdland à l'âge de 18 ans, il commence sa carrière en entrant dans la caravan des Jazz Massengers de Art Blakey, puis il a passe en 1964 dans la forge du mythique « second great » quintette de Miles Davis aux côtés de Herbie Hancock, a eu comme mentor l'ange John Coltrane, ne lésine pas à citer dans son jeu des phrases du très grand Sony Rollins, a composé des pièces majeures comme Nefertiti et Masqualero, bref nous sommes ici avec le seul nom de Shorter au milieu d'une grappe, celle des astres les plus brillants de la planète jazz. Et pourtant, l'approche musicale du compositeur sur scène demeure dans l'absolue jeunesse du principe improvisation, soit celui d'une écoute grande ouverte pour toucher au vif dialogue avec les autres musiciens et le passage à l'acte créatif, soit celui de ne jamais faire semblant de répéter l'acquis canné sur feuille et le grand feeling ressenti au moment où l'accord s'accorde au passé. 

Dans la grande famille des arts, pourquoi avez-vous préféré la musique, demande-t-on au Maître? Sa réponse est inspirante : c'est que la musique, dit-il, « [...] has an inherent sense of velocity and mystery. »   

Dans l'extrait qui suit de Masqualero (FIJM, 2003), on peut voir à l'oeuvre l'intense jeu collectif du quartette. 

Aussi la bonne nouvelle est que Wayne reviendra à Montréal fêter ses 80 ans le 29 juin 2013 avec au même programme un paquet de grosses pointures et de becs effilés dont Joe Lovano! Ça fa que ça va faire mal au portefeuille!