« J’ai vécu le printemps 2012 comme l’un des moments les plus significatifs de ma vie. Ce printemps-là, je ne l’oublierai jamais. J’y ai vu une jeunesse enfiévrée, enthousiaste, audacieuse, créatrice, revendiquer un Québec de justice et de solidarité. Avec des gens de mon âge, j’ai participé à des marches aussi festives que déterminées, réunissant enfants, parents et grands-parents. J’ai tapé sur une casserole soir après soir avec mes voisines et voisins, dans une camaraderie jamais vue dans mon quartier. Un an plus tard, un gouvernement dont les ministres portaient le carré rouge du gel des droits de scolarité au printemps 2012, impose une indexation de 3% de la hausse des revenus des familles. Bonjour la contradiction!
Hier, à la marche, des étudiantes et étudiants me disaient leur déception et leur colère devant ce qui a l’apparence d’une défaite pour les mouvements étudiants qui se sont tant battus. Je les comprends fort bien…et pourtant.
Ce que les mouvements étudiants ont gagné
Pourtant, la jeunesse québécoise a fait tomber un gouvernement, provoqué des élections, obtenu l’annulation de la hausse brutale de Jean Charest et l’abrogation de la loi spéciale tant honnie.
Les mouvements étudiants viennent d’obtenir du nouveau gouvernement qu’il oblige les universités à rendre des comptes de façon claire et transparente. Celles-ci doivent se comporter en services publics puisqu’elles sont largement subventionnées par l’État. Un Conseil national des universités donnera de la cohérence à l’offre de programmes à travers le Québec et fera des recommandations au Ministre de l’enseignement supérieur. Les énormes frais afférents auxquels sont assujettis les étudiantes et étudiants deviennent un objet d’études au sein du chantier sur la politique de financement des universités. Ce même chantier révisera les critères qui président au financement des universités. Le gouvernement indique déjà que l’accueil d’étudiants-es de première génération sera considéré au moment de décider quel montant aura une université. Tout le monde aura compris qu’il s’agit d’aider davantage les universités en région, donc le réseau UQ. On réaffirme la pertinence des cégeps et leur rôle essentiel dans les régions.
Tout aussi important : la modulation des droits de scolarité n’est plus sur la table contrairement à ce que réclamaient plusieurs recteurs, la CAQ et les milieux d’affaires.
Le combat continue
Je n’essaie pas de dorer la pilule. Il y a bel et bien indexation des droits de scolarité. Les coupes dans les cégeps et universités de même que dans les fonds de recherche demeurent, comme dans bien des services publics ces temps-ci. Le gouvernement péquiste se refuse toujours à aller chercher l’argent là où il se trouve : dans les grandes entreprises et chez les contribuables aux revenus élevés.
Le combat pour la justice doit donc continuer.
Si j’écris ce petit texte, cependant, c’est parce que je veux réaffirmer avec force que le printemps 2012 fut et demeure un moment historique au Québec. Bien sûr, avec toutes ses divisions et contradictions. Mais tout de même, nous avons vécu des rassemblements spectaculaires!
Ce printemps aura été une pépinière d’idées, un terreau fertile en débats fondamentaux. Il y avait bien longtemps que nous n’avions discuté de désobéissance civile! Depuis quand avions-nous eu un débat social sur l’importance de l’enseignement supérieur, sur la possibilité de la gratuité scolaire?
Allez, on ravale nos larmes et on poursuit nos débats et nos combats! Plein de mouvements sociaux, au Québec, critiquent avec une force grandissante les choix budgétaires du gouvernement actuel. Un jour, un gouvernement Solidaire rendra l’éducation gratuite de la maternelle à l’université! »
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