06 avril 2013

Posture pour tordre la beauté

Où est-ce que j'ai entendu cette semaine, dans quelle chanson, commentaire, vidéo que « la vie n'est pas un spectacle »? Ce qui tout de go nous rappelle que la résistance au plus quotidien des pâquerettes est quelque chose comme un réveil dans l'immensité du collectif. En ce sens, tous les petits chocs de sources diverses sont les bienvenus. À titre d'exemple vécu plus jeune, comme j'ai apprécié entendre en personne à quelques reprises les harangues-poèmes d'un Michel Chartrand! J'en revenais toujours grandi, mais à la fois un peu honteux de faire si peu, d'être ignorant et si dépourvu dans la capacité à faire des liens entre les faits les plus bruts du monde. Le retour à soi face à ce monde n'est jamais terminé et il faut bien accepter notre solitude et notre finitude, comme le dit Jean-François Malherbe, que j'ai eu la chance d'avoir comme professeur, dans Le nomade polyglotte (Bellarmin, 2000). Ce philosophe propose une définition utile, éclairante de l'éthique, car c'est de cela qu'il s'agit : l'éthique  serait « ce travail que je consens à faire avec d'autres sur le terrain pour réduire autant que faire se peut l'inévitable écart entre mes valeurs affichées et mes pratiques. » (Notes de cours, Religion, éthique, spiritualité, Chaire d'éthique appliquée, Univ. de Sherbrooke, 11/09/06).

De plus loin encore, Malherbe parle de la matière qu'il faut tellement imbiber de notre esprit (de nos corps, de nos vies de parents, de notre métier...) pour qu'elle devienne lumineuse, et du devenir soi ensemble, ce qui exige une assomption de la lumière, une transfiguration de qui je suis. La Lune porte la lumière, on peut l'admirer, mais elle n'est pas le Soleil. En d'autres mots, l'éthique serait l'art de transmuter les forces négatives (le diabolique, ce qui détruit, l'illusion luciférienne) en forces qui construisent, qui sont enclines à favoriser le devenir soi (le symbolique).  Ce qui nous amène sur le terrain politique. Est-ce que tel acte contribue à construire notre identité dans la convivialité, au-delà de la convention, surtout celle qui nous est « donnée » comme naturelle et éternelle? 

Bref, c'est ce que m'a donné à repenser la lecture de la chronique de David Desjardins dans Le Devoir de ce matin. J'aime à tout coup ce chroniqueur surprenant qui partage aujourd'hui l'une de ses obsessions : « [...]Je cherche sans cesse l’endroit duquel on peut critiquer violemment sans foutre le feu, où l’on peut crier son dégoût sans tout détruire. » 


Très bon texte.

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Jack je vous en prie il n'y a aucune obligation à publier, tout doit rester léger, surtout pas de contrainte.

Levée tôt, comme d'hab
j'ai imprimé votre texte pour en grossir le pas, ma vue défaillante oblige. Enfin je l'ai lu.
Je ne connais Michel Chartrand, lui qui vous a donné l'envie à vous Poète, ni Jean François Malherbe votre professeur, philosophe, qui parle du "devenir soi ensemble, d'où assomption, transfiguration nécessaire de qui je suis, art de transmuter les forces négatives en force qui construisent. Malgré tout c'est je crois ce que votre blog réussit à donner à voir, et plus si...

Voyez la résonnance
Deux écoutes d'émissions en cette fin de semaine ; l'une jeudi midi où là c'est Dominique CORDON qui nous parle de "fab lab", hé oui petite unité de laboratoire réunissant ordi, logiciel, intelligence humaine, imprimante trois D, qui permet à l'homme du quotidien qui en a besoin de réaliser la pièce, le joint, l'outil dont il a besoin, sans dépendre de l'énorme système, chaines, du monde industriel. L'exemple y était proposé, qu'un tel labo installé dans un quartier pourrait être l'aubaine éthique du nouveau vivre ensemble dans le partage, fini l'escalade de l'escroquerie, prise en otage des consommateurs et dont l'accès serait facile à chacun.
Nous sommes très loin de tous les constats, dénonciation de l'outil informatique source d'addictions, perdition des certains vers un monde virtuel où ils perdent pied avec le réel, dérive, grande solitude, pleine de souffrance.

la deuxième, c'est hier à 17 heures écoute du "Carnet d'Or" émission de France Culture, réunissant souvent trois auteurs autour de leurs ouvrages, en fin, c'est du livre "la 4ème théorie" dont parlait son Auteur Thierry Crouzet, qui s'exprimait en conclusion, l'idée suivante si j'ai bien compris "fini l'ego, l'auteur de... " ne sommes nous pas dans nos créations, juste passeur, d'un résultat, travail, obtenus dans une grande solitude. Qu'il soit livre, écrit, tableau, musique, idées, véritable concrétion inspirée du travail fournit avec le temps par les fantômes et contemporains du moment. Là encore un appel à changer nos regards, pourquoi ne pas doner un revenu de base à chaque quidam laissant à tous loisir de créer; Ne serait ce pas cela le vrai partage dans la dignité, et permettre enfin à David Desjardins enfin de trouver ce qu'il recherche sans cesse, car là peut être fini le besoin de critiquer violemment sans foutre le feu, crier son dégoût sans détruire.

Utopie,à vous de me dire
suis-je hors sujet!!!

Anneau Nîmes

gaétan a dit...

Bon dimanche

Jack a dit...

Salut Gaétan et merci. Ce fut un bon dimanche. Vu le film chilien No. Beaucoup aimé. Moins aimé le ticket de 52 $ à la sortie. N'avait pas vu un panneau situé tout en haut de la borne de stationnement. Un vrai piège! Un très bon dimanche quand même.