23 juin 2014

Arc en cercle

Réécriture d'un texte publié dans le Train le 30 août 2008.


***


Autour du petit poulailler en bardeaux,
effondré depuis trente ans,
enterré sous les herbes et les lys,
les craquias, les framboisiers,
la malice des mûriers
il y avait les poules grises
que j’allais nourrir, gamin;
elles me grignotaient dans les mains
avant de picorer ça et là
bien librement dans la cour
qui n'était pas grillagée
parmi les vers et les brindilles 
qui voltigent dans le ciel 

Où s'en vont 
tous ces fils embroussaillés,
ces crins d’archet,
ce fouillis dans la mémoire de paille
qui lève au vent?
Toutes ces troupes égarées?

Ces roses, ces ermites, 
ces amis pas toujours apprivoisés?

De la rosée du matin jusqu'à la tombée du serain,
veaux, vaches, cochons, minous, marmottes, 
petits suisses, porcs-épics, fourmis, papillons, chenilles,
moineaux, barbots, chauves-souris,
mouches à feu, nuits de tic tac à retardement
plantées là comme une flèche invisible
au-delà de l'écho éphémère
de l'humble chant journalier...

Les philosophes d’avant le mur
qui se rechargent de lumières
et qui n'ont jamais déroché les labours
estiment qu’il faut remonter loin,
plus loin que le champ d'errance 
de l’enfance de l'humanité?

Soif, désirs, rivière qui se glace
margelles des puits infinis
qui brûlent les yeux

Après l'éclat de l'enfance stroboscopique,
c'est l'obscurité pour toujours
où viennent, ver au bec, par les fentes,
ces éclaireurs évadés
vous indiquant parfois
la sortie.


4 commentaires:

Anonyme a dit...

un poète ! quel bonheur de te lire

Jack a dit...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit...

ce matin l'Arc en Cercle
pure vibration
c'est ici que résonne
la floraison des têtes
pâles violines des ciboules
depuis votre texte
"débosselage"
il semble que train nuit
soit en fête
l'hommage à Nelligan
la chanson de Renée Claude
je m'associe à tous
c'est félicité que de s'y
balader.

Anneaux Nîmes

Jack a dit...

Merci à vous.