Quand Michel X Côté avec ses grandes oreilles et ses madriers venait faire du ménage dans mes poèmes, les mots revolaient en calvore, c’était très country baby !
Nous devisions comme des ancêtres sur la main heureuse et la parfaite semence à mettre en terre pour forger sagesse et chansons.
C'était bien avant le vol de la Caisse Populaire.
C'était d'abord les disques qui crissent et heurtent les roches souterraines oubliées dans les labours. Musique d’éclisses et de métal hurlant. Flammèches. Pas d'arcanson. Fait peur au chien. Du moins, j'ai une idée très très ancienne de ce que signifie herser, strier, laisser des marques, des saillies, émietter, ameublir, rendre amical, apprivoiser, puis laisser le vent faire ses marées au faîte des arbres dans la fraîcheur de la terre attendrie...
Cela remonte jusqu'au bâton, jusqu’à la pierre pointue, jusqu’aux pieds calleux, jusqu’au point de fusion du sol avec le soleil; cela remonte jusqu’aux doigts aimantés des Irakiennes qui ont inventé en cachette l'agriculture dans la nuée des mouches de la pauvreté et sous la réprobation générale des hommes.
Révolution de la langue, des petits fruits, du sexe nomade. Puis la ville émergera, et l'agora et les bla-bla, la descente des dieux, les tapis de Turquie, l'herbe coupée sous le pied...
Herser la terre c'est comme écrire nu-tête sur l'ardoise bleue de l'horizon. C'est jouer des cymbales. Herser vient après les sillons toutefois. Mais le poème, les vers viennent avant la charrue! Comme l’amour vient avant le mélange de l’enfance.
Quand même étrange : les poèmes à l'air viennent avant la tête en friche!
Je m'excuse d'ordonner ainsi l'Univers rural comme si j'y connaissais quelque chose, comme si cela avait du sens de dire que les mots retentissants sont avant les bœufs, avant les chevaux, avant même les ânes et les chameaux, avant Bob Dylan.
Mais c’est ainsi que ça pousse. Et que ça bouille!
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