10 janvier 2016

Les Québécois sont des colons?

Via Yves-Marie Abraham

Anatomie du colon.

L'autre jour à l'émission littéraire de R.C, POEDFPOL animé par Marie-Louise Arsenault, j'entendais le philosophe Georges Leroux commentant le repli des pays européens dans leur propre culture comme une espèce de réflexe de sauvegarde de la maison commune et de l'héritage classique. Nous n'en sommes pas là ici, ajoutait-il, parce que nous sommes colonisés. Bien entendu, nous sommes jeunes et bizarres! Mais. Mais quoi? De la culture aux institutions politiques qui nous définissent (et non l'inverse!), je dirais que l'exposé ci-après d'Alain Denault est d'une lucidité douloureuse. Ça dure une heure. Ça vaut la peine. Exposé dans le cadre du cycle des Conférences 2015 de la coalition Eau Secours. C'est un exposé éclairant, fin, consistant et effectivement courageux. Il y a chez Alain Denault en filigrane de ses propositions un feu contenu, un réflexe éthique (au sens d'être scandalisé) lorsque, par exemple, vers la fin, il souligne le trait si parlant d'un Philippe Couillard s'en remettant à New York pour conforter sa politique d'équilibre budgétaire. Denault tire alors l'enjeu concret du colonialisme à gogo, moderne, bien maquillé et intégré dans les institutions politiques de « notre » monarchie constitutionnelle, pour tous les acteurs sociaux qui ne graviront jamais les échelles sociales consenties au compte-gouttes par les décideurs. Aussi, auparavant, vers 31h30, le propos est, oui, douloureux de lucidité. Je redis le mot résister. Nous n'aspirons pas ici à être des colons!




En complément, je reprends de la page FB de Yves Marie Abraham un commentaire formulé par Paul Sabourin qui suggère au débat lancé par Denault des nuances et des pistes liées à la matrice de la sociologie. ( Je corrige quelques coquilles).

Paul Sabourin « Bien que ces distinctions me semblent utiles entre colonisateur, colons et colonisés, il y a plusieurs nuances et approndissements qu'il faudrait faire à la lumière des travaux sociographiques du Québec comme du Canada. On ne peut pas ranger sous colons sans faire de nuances les populations déportées pour les projets coloniaux ex. Les chinois pour les chemins de fer ou aujourd'hui les migrants de travail.
Dans le Québec, le récit historique d'Alain Deneault fait l'impasse sur la Conguēte de la Nouvelle-France par les Britaniques qui a donné lieu à des dérives comme l'aparthaid des canadiens-Français à Drummundville dans les années 40 institué par un dirigeant d'une multinationale britanique. Les colons ne sont pas des conquis. Parler des Canadiens-Français comme classe moyenne est plus juste aujourd'hui qu'hier. Il faut relire le texte de Dofny et Rioux classes sociales et classes ethniques. Enfin, si l'ordre dominant est bien celle d'une colonie, malgré ce que pense et ce que veut l'ordre dominant, il existe bien une société québécoise et canadienne. Faut-il le rappeler que les canadiens-français étaient de très mauvais colons : irrationnels économiquement, inférieurs et en retard comme nos néolibéraux l'ont si bien dénoncé. De résumer les canadiens-francais à un intéret économique mesquin parle plus d'aujourd'hui que d'hier et plus de l'élite actuelle que de l'ensemble de la population. Plus fondamentalement, ne pas reconnaître les réalités sociologiques qui ne se résument pas à l'économique coupe l'herbe sous le pied de la constitution d'un ordre républicain politique parce celui ne peut naître d'un homo economicus seulement motivé pas l'appât du gain. N'est  [-ce] pas la lecture qu'il faut faire des notions d'objectivation et de réifiecation de Luckas qui font que les dominés en viennent à se penser dans les termes des dominants, seulement motivés par le petit gain mesquin que ceux-ci leur concèdent généreusement ? »


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