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Guy Taillefer, Brésil Et tous les autres, Le Devoir, 19 avril 2016.
Et tous les autres?
Il est vrai que Mme Rousseff est loin d’être une présidente de la qualité de Luiz Inácio Lula da Silva. Son gouvernement est coupable d’avoir géré la crise économique et les finances du pays de façon particulièrement inadéquate, après avoir hérité en 2010 des mains de Lula d’une économie en santé. Encore que, si l’économie flanche aujourd’hui de manière radicale (chute du PIB de 3,8 % l’année dernière) et que le chômage et l’inflation s’envolent, cela tient également, bien entendu, aux retombées de la Grande Récession et à des facteurs macroéconomiques comme l’effondrement des prix des matières premières.
Que, pour avoir dilapidé l’héritage, Mme Rousseff touche des bas-fonds d’impopularité, soit. Le PT souffre manifestement d’usure du pouvoir. Pour autant, le vote enregistré dimanche par la majorité des députés en faveur de la procédure de destitution est un geste objectivement démesuré au regard de ce que l’opposition lui reproche — à savoir, non pas d’être mêlée au scandale de corruption de Petrobras qui secoue le pays, mais d’avoir maquillé en 2014, l’année de sa réélection, l’ampleur du déficit public par« pédalage budgétaire ». S’il va de soi que Mme Rousseff mérite d’être sanctionnée pour ses manipulations de livre, pratiques par ailleurs courantes dans nos gouvernements, il reste que le casus belli est boiteux.
Plus crédible, en fait, serait l’entreprise de lynchage si, par exemple, le député ultraconservateur Eduardo Cunha, l’instigateur de la procédure de destitution, n’apparaissait pas dans les Panama Papers et s’il n’était lui-même inculpé pour« corruption et blanchiment d’argent » en rapport avec Petrobras. Ou si, des 65 membres de la Commission spéciale qui s’est prononcée la semaine dernière en faveur de la destitution, près de la moitié n’avaient été inculpés ou condamnés. Ou s’il n’était devenu patent que l’enquête judiciaire du juge Moro était politiquement teintée.
Difficile en l’occurrence de ne pas en conclure que la tempête que traverse le Brésil se résume à une vulgaire lutte de pouvoir. Et qu’on assiste à un coup d’État qui, empruntant la voie parlementaire, met des gants blancs. »
1 commentaire:
Oui c'est inquiétant de voir les corrompus utiliser ce procédé pour se débarrasser d'une présidente élue par une majorité de brésiliens
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