26 novembre 2016

L'espionne Fontaine


L'ESPIONNE FONTAINE

Histoire de brosse qui aurait pu mal tourner 
sur un bateau à Sept-Îles...

Tu parlais haut
comme s'il avait fallu 
fendre leur bagne
pendant que nous étions encore 
livres

J'ai pacagé sans orgueil
dans les enclos de ton amer
pris à deux mains les signaux 
la solitude artésienne
l’emblème du désespoir

Puis, nous avons sacré le camp
jusqu’à l’aurore
en tapochant
sur la coque du délire

Combien d’enfants avons-nous bercés
avec nos sacs de rêves, 
nos rimes éveillées?

Nous étions peut-être
de ce pays malvenu
qui broie les tam-tams 
sous les tempêtes blanches
avec tant de prénoms avortés,
de têtes en éclisses,
tant de prénoms 
lichés par les chiens...

Ta Denise empourprée
est apparue soudain 
à l’horizon...

Elle me hante depuis
comme une affiche
clouée dans la mémoire
qui déroule ses lettres rouges
dans la poussière des coulisses
abracadabrantes

Tu m'en avais tant et tant parlée,
de la tête aux pieds à l’édredon
perles de blés sur la peau
une vagueresse

J'en oublie les miettes qui nous guettaient 
à la fin de nos soirées d'ivrognerie
parties en barque à la dérive
sous la bruine infinie
des bouteilles cassées
de nos poèmes

Tristesse lumineuse
vieux rabot tenu au chaud 

dans la gorge 

comme une brise d'ange
sur l’émerillon qui accoste

Denise comme une fontaine
perdue dans la brume!

Denise étoilée, brûlante 
sur un corps coupable,
je la chante contemplatif,
je sors des vieux rock’roll pour elle
je souffle dans son cou d'espionne, 
j’invente ses seins...

Je connais le secret de ses cheveux 
couleur geai d’Indale,
ses lèvres roses...

La caresse d’un soleil
qui picosse la glace en avril
m'a fait grimper sur un cheval vert,
et j'ai répété partout en ville
tes menteries de Drambuie

Mon fol ami du maquis! 





7 commentaires:

Nina louVe a dit...

Devines donc ce qu'elle va te demander la Nina tannante ?

Devines !

quand ? où, pas pourquoi.

Maudit k'cé bon !

Jack a dit...

Marci! Tu veux savoir? Tu sauras tout! Mais est-ce cela qui t'intéresse? Si je me fie à mon ordinateur, la première version «tapée» date de fév. 2004. J'ai 8 versions jusqu'à avril 2004 et puis, plus rien jusqu'à ce soir! Mais j'ai en quelque part une version originale manuscrite de l'Espion qui a pu aussi s'intitulée La Denise empourprée et qui remonte vers 1985 (étais-tu née?). La version actuelle diffère radicalement de tout ce qui précède, mais le personnage de Denise est présent depuis le début ainsi que l'espèce de dialogue sous-jacent. Où? C'est écrit à Montréal. Mais l'essentiel du propos se passe à Sherbrooke même si ce lieu n'est pas nommé alors que je fais référence à Sept-Îles et Québec... Voilà!

Nina louVe a dit...

ôoo...ce qui m'intéresse ?!!! cela et CECI : le bleu des mots, la rage qui berce, le désir , "le sac de rêve" et le silence qui danse dans une musique de houle et de ressac. (sourires)

Jack a dit...

Merci encore Nina. Il est vrai que j'ai un esprit plutôt polisson pour marcher sur la route qui mène de l'amitié à l'amour. Mais on trouvera peut-être ici, à cause du vent et d'un triangle improbable, quelques gouttelettes qui s'échappent de la crête des vagues. Des embruns, justement, autour des mots pour voyager.

Jack a dit...

Nouvelle version en date du 26 novembre 2016.

Nina louVe a dit...

Encore très beau ce poème

Jack a dit...

Merci Nina! Ce qui est est le plus beau, c'est la durée de nos échanges. La reprise de ce texte de 2007 e fait foi. Toi et Christian, vous demeurez les les fleurs de première saison de ce blogue. Très honoré de retrouver ta délicate présence.