02 décembre 2016

Fable de la convergence


Petite fable bête et très méchante. Il était une fois à travers branches un pays de loups aux prises avec un temps réfractaire qui perdurait à cause de la séparation. C'était une prétention. Falaises, collines, oiseaux, les sexes étaient cois. Dans les chaumières, on broyait du noir, on désespérait de ne plus croire ni au Soleil, ni au jus d'orange. Terrible terrible. C'était écrit dans le Ciel : une grande claque devait venir lever le voile, séparer l'ivraie du bon grain. Et en effet, les Augures eurent la bonne idée d'inviter à la grande Tour le roi de l'Astuce et des pirouettes. L'occasion était belle, il faisait encore doux, il y avait des frôlements dans l'air, c'était à la grande promenade dominicale où les dames font comme ceci, et les messieurs font ce qu'ils peuvent comme Roger Bontrain. Mais ce n'est pas tout : comme chacune et chacun le sait, la flèche du temps crève parfois l'écran, traversent les coeurs et vient y défossiliser les vieilles rancoeurs dans la saumure, l'orgueil irrité, l'ingratitude, l'angry des trolls en chipote. Or, sachez bonnes gens qu'on jumela le roi avec une Manon des sources d'Hochelaga plus vraie que bitume, bonne comme du bon pain, une pauvresse qui jamais auparavant n'eut le privilège d'être portée aux nues à la grande messe. Fin comme un limier, le coeur sur la main, compatissant, le roi brillant, gentil, le combattant des tricheurs, le gant doré contre la droite se fit chevalier, enleva humblement ses souliers de Verdun, mouchoir à la main au cas où. Trois fois! Trois fois, comme un paon décoloré il frappa à la porte de la loge de l'orpheline. « N'aie crainte, amie. Nous marcherons ensemble sur les épines. C'est la première fois, n'est-ce pas? Moi, on m'invite régulièrement. Hum. J'ai l'habitude. Hum hum. Tu verras. C'est la première fois, n'est-ce pas? Je me ferai si petit à tes côtés, à peine, si tu me le concèdes, un reflet du nous nous enrobé dans mes chapeaux de feutre. C'est vraiment la première fois pour toi? On ne verra que toi [...] ».

Aucun commentaire: