J'ai posé le livre de Pascal Quignard. Je ne le comprends déjà plus, lambeaux de rêve, mais je sais à nouveau qu'avec cet auteur, le lecteur que je suis n'en sort pas indemne, aime la terre, les roses et les bêtes sauvages qui n'attendent rien du regard, du jugement des autres. Parce qu'il est question de création libre, toutes les lignes de Critique du jugement sont bouleversantes comme un socle bouleverse la terre de la neuve prairie, comme la solitude protège son fruit, comme une délivrance.
La vie du lecteur dans les livres, le besoin si humain, indispensable comme l'air de se faire raconter des histoires par ces extra-terrestres que sont les écrivains. Quignard pense bien entendu au roman, mais l'on pourrait aussi évoquer la catharsis d'Aristote dans l'art, le paradoxe de l'acteur qui joue vrai de Diderot, la surprenance du poème qui déprend. Que se passe-t-il, en effet?
La vie du lecteur dans les livres, le besoin si humain, indispensable comme l'air de se faire raconter des histoires par ces extra-terrestres que sont les écrivains. Quignard pense bien entendu au roman, mais l'on pourrait aussi évoquer la catharsis d'Aristote dans l'art, le paradoxe de l'acteur qui joue vrai de Diderot, la surprenance du poème qui déprend. Que se passe-t-il, en effet?
« Il y a un sorite inéluctable, qui tient à la condition du lecteur du roman. [...] Ainsi, ce qui était si intense, si passionnant, plus passionnant que ma vie même, c'était faux. Un terrible dépit naît à proportion de la beauté des livres.
J'éprouve de la peine à croire que ce que j'ai tant aimé était un mensonge.
On peut le dire de la femme qu'on aimait.
On peut le dire du livre qu'on tient encore et qu'on va reposer. » (p. 214-215)
Photo JD. |
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