31 mars 2017

Philosophie allemande : détour par Ernst Bloch



Parmi les quatre cours hors discipline qui étaient permis dans le cursus de mon bac en philo à l'UdS, j'avais suivi en parfait « outsider » un cours-atelier de mise en scène au théâtre. Je ne me souviens plus trop par quels chemins de traverse j'avais patenté mon propos dans le court travail écrit qu'on nous exigeait en forme de journal en puisant à grandes pelletées dans Le Principe Espérance de Ernst Bloch. Peut-être que le lien s'était imposé à moi de proche en loin par le fait que le cours était axé sur Berthol Brecht. Ces deux-là se connaissaient en toute résonance. Ils ont fondé ensemble une maison d'édition à New York. Aussi, en ces années 1976, plusieurs écrits de Bloch (1885-1977) ont été traduits en français. Mon exploration en marge de ce cours de création n'était qu'un bien humble survol, une bricole. Le Principe Espérance en trois tomes fait 1600 pages! (À cette époque, seul le tome 1, 536 pages, était publié par Gallimard; la partie III, Transition, aborde le conte, le voyage, le film, le théâtre). Mais en somme, j'avais aimé le scintillement des antennes de ce marxiste érudit, hors petit catéchisme, misant sur les arts, la poésie, sur le non encore advenu qui nous aiguillonne au-delà des faits. Sinon, c'est impossible la vie. Il faut rêver sérieusement! Bien plus tard, je comprendrai mieux que ce philosophe était animé par l'éthique, la spiritualité, la religion, l'ouverture à la surprenance comme aimait à le dire Jean-François Malherbe. Sa virulente critique du capitalisme le place aussi parmi les précurseurs de la pensée écologique. Avec Walter Benjamin j'aime cette évocation des « créations sommeillantes enfoncées dans le giron de la nature. »

Merci à Christian Nadeau d'avoir communiqué l'entretien qui suit datant de 1974 et repris dans En attendant Nadeau (rien à voir avec Christian).

" Penser veut dire outrepasser. "

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