21 janvier 2018

Tremplin, la jeunesse

Encore un mot sur des lectures croisées. Au sortir de l'enfance de Paul Audi (Verdier, 2017) a fait mon automne. Depuis, mille et un échos de d'autres lectures me renvoient à cet essai qui tente en fait d'éclairer le passage singulier de l'adolescence vers l'âge adulte. C'est le cas de la citation qui va suivre et qui évoque la camaraderie de jeunes garçons entre deux versants, pensionnaires dans un collège. Ça me saute aux yeux. Il faut bien noter que nous ne sommes pas du tout dans l'ambiance de Les Désarrois de l'élève Törless. Au fait, je n'ai pas moi-même été pensionnaire, bien qu'il en fut question à mon entrée au secondaire; ma mère m'avait envoyé passer une fin de semaine au Mont-Sacré-Coeur de Granby, pour voir... Je ne crois pas avoit dit alors un mot pour ou contre, j'étais un peu dépassé, mais ça ne s'est pas avéré. C'est donc plutôt, matin et soir, en autobus, la grand-jaune, que j'ai fréquenté en ville les écoles secondaires qui n'étaient pas " mixtes " à l'époque. C'était passablement épuisant, le voyagement... C'est là que se sont forgées les amitiés les plus profondes de ma vie.
" Nous avions seize ans, ce que les grands appelaient " la vie " n'était pas commencé encore, nous étions innocents et pervers dans le même battement de paupières. Bien sûr, de temps à autre une certaine hâte de nous convertir au catéchisme de la vision commune nous taraudait, une espèce de honte, déjà, mêlée au désir d'en finir avec l'enfance enfermeuse. Mais, dans l'ensemble, nous étions inimaginablement contents d'être vivants, à la fois dociles comme des enfants d'école et tourmentés comme des diables. Je suis sûr que tu sais de quoi je parle." 
- Robert Lalonde, La liberté des savanes, carnets, Boréal, 2017, p. 78.

Aucun commentaire: