Calvaire de Christ, c'est compliqué! Figure au répertoire de Wajdi Mouawad la pièce intitulée Temps présentée à Montréal au Théâtre d'Aujourd'hui en 2011. Les actes enclos se déroulent à Fermont, ville minière du Nord. La présence évoquée sur scène du fameux mur de la ville est hurlante; l'érection protectrice criblée de fortes lumières fait retentir contre le métal théâtralisé rafales et vents qui hypnotisent, nous figent d'effroi avec les personnages qui n'ont pas d'affaires là, pris dans le sauvage et le cru, le mur moi du dramaturge qui tourne le fer dans ses plaies. On peut sortir dehors au fret, pure folie, par une nuit définitive, se perdre dans la nature, mourir gelé dur comme une bête, causer pareil un héritage... C'est par mottons que l'ambiance de la pièce désabrillée, inexorablement dramatique, m'est remontée en mémoire en lisant Monique Durand. Son beau texte décreuse mon ignorance de la ville réelle et des âmes qui l'habitent, tout en me faisant apprécier encore davantage le théâtre radical de Mouawad qui transgresse les lieux, extrait l'extractivisme culturel (ben non!), emprunte ici à La Peste, rejoue plutôt l'étrangeté des anges et plante les rôles de la chicane parmi les rats. Pour paraphraser une craque de Desjardins qui s'y connaît en bétail, on pourrait dire que Fermont est situé pas loin de l'ancienne U.R.S.S., sauf que les mille Naskapis, bénéficiaires du traité de la Baie-James nettement moins avantagés que les autres conventionnés, y vivent aux alentours à Kawawachikamach.
https://www.ledevoir.com/societe/533361/fermont-et-son-mythique-mur
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