13 novembre 2006

Patin libre!


C'est bien connu, les cols bleus de Montréal ont le sang aussi chaud que les outardes. Aussitôt que l'air se tiédit, on sort les planches, les scies, les marteaux, on assemble les bandes. Puis on attend que la glace puisse prendre.

C'est très politique la question des patinoires. Dans le quartier, un jour, l'administration Doré (à l'époque) faisait dans la rationalisation. L'hiver d'avant, un checkeux avait été assigné pour compter le nombre d'enfants à l'heure qui chaussaient les patins. Conclusion : pas assez de fréquentations au Parc Liébert. Alors, si peu que vous êtes, allez jouer au hockey au parc voisin. Ouais! Pendant ce temps-là, tout l'automne, l'ouvrier affecté à la patinoire Liébert venait faire son temps pour la frime, la rationalisation n'ayant pas encore pensé qu'il fallait réaffecter ce bon bougre ailleurs. Alors, il répondait aux marmots ou aux parents qui s'inquiétaient de plus en plus, voyant bien que les bandes n'étaient pas encore installées : «Mais, y en n'aura pas de patinoire c't'année! C'est trop coûteux, y para. Pas assez d'enfants...» Mais vous, que faites-vous ici? «Je ne fais rien, Monsieur. J'attends.»

Ce petit fait d'hiver a mis le feu aux poudres. Loisirs, comité de parents de l'école et citoyens rencontrèrent le très jeune conseiller municipal d'alors du nom de Scott McKay, sous la bannière de «gauche» du RCM, le même qui préside aujourd'hui les destinées du Parti Vert, un «parti qui n'est pas à gauche», tient-il à préciser.

À la rencontre, le conseiller s'est montré fort sympathique et compréhensif. Mais savez-vous combien cela coûte une patinoire? Un bon 12 000 $ (à l'époque). L'autre parc n'est pas si loin, une dizaine de coins de rue... Ouais, mais pour les petits, les patins et tout le bataclan? Regarde, en rationalisant nos budgets, on pourra en mettre plus sur la culture...

Il n'y eût pas de patinoire cet hiver-là.

Aux élections de l'automne qui suivirent, Scott, pourtant si populaire, a perdu son siège.

Depuis, à chaque automne, quand le temps tiédit pour la peine et que les outardes sont déjà parties dans le Sud, les cols bleus de la ville viennent jeter les bandes au Parc Liébert.

Combien ça coûte une patinoire? Combien ça coûte des enfants qui jouent dehors?


Photo : jd, Parc Liébert, 13/11/06

7 commentaires:

Nina louVe a dit...

Envoyez cette lettre à la Ville, à La Presse, au Devoir, ça vaut le COÛT.

Jack a dit...

Je ne l'avais pas vu sous cet angle. Mais tu me donnes le goût. Quoi que je déterre une vieille histoire...

Nina louVe a dit...

Et puis après, elle est encore réelle ? Alors. VLan! Tu tires ou tu pointes ? (avec l'accent Marseillais)

Jack a dit...

Je l'ai envoyé au Devoir...

Nina louVe a dit...

Et, ils l'on fait paraître ?

Essaies aussi lapresse.ca

Jack a dit...

Pas encore lu le journal ce matin. Il y a toujours un décalage à moins d'être brûlant d'actualité. J'ai le feeling que ça n'intéressera pas Le Devoir. La Presse? On m'a déjà publié un petit texte important (pour moi) autour de Michael Thomas Gurrie, journaliste sportif même si ça dérange et un autre sur une soirée off jazz brillante autour de Louis Armstrong. Je verrai. Mais j'ai au moins une lectrice attentionnée! Et cela vaut tout l'or du monde.

Nina louVe a dit...

Merci.