14 janvier 2007

Ça gaule libre en slam, mon général!

Sur le chemin, les marcheurs sont tous égaux, mais ils ne marchent pas tous au même rythme, rappelle le philosophe Jean-François Malherbe.

Je le paraphrase ici pour dire encore un mot sur la slam.

D'ailleurs, c'est décidé, Train de nuit va diffuser tout ce qu'il peut sur ce mouvement émergeant en poésie au Québec.

Ailleurs, les slameurs ont eu le temps d'user un peu leurs semelles. Des phénomènes issus du slam commencent à crever les scènes de la francophonie comme Le Grand corps malade dont tout le monde parle et qui viendra de ce côté-ci de l'Altlantique à l'automne 2007.




En attendant, ça grouille, gribouille scribouille, ça gaule librement, mon général, à Montréal.

Je rappelle en effet que le fracassement se fera lundi le 15 janvier, sans cachette, au O Patro Vys, un beau petit club, au 356 Mont-Royal Est, à 20h30, entrée 5 $.

Ce sera le début officiel des soirées dans le cadre de la ligue de slam poésie du Québec. Soirée « classique » avec jury du public, pointage et mélange de performeurs : poètes, slameurs, rappeurs. Chaque participant aura trois minutes max, sans accessoire. Le ou la gagnant(e) s'assurera une place dans les semi-finales.

Et puis, en musique, il y aura le persistant et pertinent Thomàs Jensen. C'est manifeste, du soleil il y aura.


D'ici là, on n'écrit pas pour passer le temps, on écrit pour marcher. Et comme le dit bellement André CHEDID :

Je n'écris pas pour passer le temps.
Pour le croquer le détourner l'apprivoiser
Ça oui peut-être.
Pour apparaître
Un bref instant, brèche d'éternelle
Fraternité. Fenêtre ouverte
Sur les visages du passé,
Présent connu ou inconnus,
Présage d'un futur collectif :
Le monde est plein d'individus.
Dis-moi les mots qui se bousculent ;
Bascule et roule,
La parole est à prendre
Un cœur à perdre ou à entendre.
Rendre les larmes, comprendre les armes
Rendre les armes, apprendre les larmes
(...)

Peser au seul aune de l'humain
De tous et de chacun.
De tous et de chacun : deux termes en équilibre,
Pour être juste pour être libre ;
Pour être juste, pour être libre.

Les printemps sonnent creux quand tarit la parole

Photo de T. Jensen : Bande à part

5 commentaires:

Anonyme a dit...

ESt-ce que le slam ressemble au spoken word?

Jack a dit...

Oui, c'est proche et croise, tisse, brasse, mélange les mille et une teintes de la poésie orale qui s'est développée depuis des dizaines d'années, sauf que le slam (slamer, glisser, slider) insiste sur la performance des locuteurs sans accessoire (te souviens-tu de la grille élocutoire de Legault avec F pour force?), pendant trois minutes et le tout dans le cadre d'une compétition entre slameurs, devant jury...

Anonyme a dit...

Peu d'exigence, peu de travail, peu de curiosité de ce qui se fait ailleurs, ce sont pour moiles grandes plaies du slam. Mais peut-être est-ce différent de l'autre côté de l'Atlantique. Ici, en France, il y en a cinq qui bossent. En gros : Sandra Bechtel, To, Yo, Nada l'Ange Noir ( en solo ou avec le Spoke Orchestra), Félix J. (je n'apprécie pas nécessairement mais je respecte) et Le Robert. Les autres feraient bien de s'y mettre. Il y a en France des poètes d'envergure, de toutes générations, qui donnent corps à la puissance des mots. Leur poésie est puissante et de plus, ils offrent un vrai spectacle. Des gens comme la Fée Cabossée, le Hors Humain, Marc-Henri Lamande, Lola Sponge ou Serge Pey. En avez-vous entendu parler de ce côté de l'Atlantique ? Cordialement Pascal Perrot aka Poetic Gladiator

Jack a dit...

Hélas mais heureusement gâce à vous, tous ces noms sont à découvrir quant à moi. Merci de partager votre connaissance du milieu. Un autre correspondant Français a mentionné le nom de Tsunami. Le slam est très underground ici pour l'instant. Sauf le réseau des radios communautaires, étudiantes, les diffuseurs culturels sur le web ou moi-même avec Train de nuit, etc., peu de médias s'intéresse au mouvement. Mais par exemple, hier, à Québec, Ivy était invité à la radio. A fortiori, les artistes des autres pays (y compris chez nos voisins des States), sauf Le Grand Corps Malade, ne sont pas connus. Moi je crois beaucoup à ce courant poétique, malgré quelques raccourcis inévitables pour rejoindre un large public. En raison du potentiel du déplacement de sens et du partage de la poésie. Ce qui, vous serez sans doute d'accord, n'est pas nouveau mais demeure à chaque avancée une réjouissance. Merci de me faire connaître les artistes de la douce France.

Anonyme a dit...

Tsunamin'est peut-être pas le génie du siècle, mais il est néanmoins tout à fait respectable et fait des textes qui tiennent la route. L'homme qui a ouvert la voie à tous ces gens-là en France s'appelle Vincent Jarry, et est souvent méconnu des slameurs. En Belgique, il existe une vraie tradition de l'oral. Des poètes sévèrement burnés des jeunes générations n'hésitent pas à se produire dans les lieux les plus improbables.En tant que mouvement social, le slam est honorable et a rempli son but. Mais faute d'une exigence artistique, on risque de se trouver coincé dans une sorte de "karaoké poétique". C'est un peu ce qui se passe à Paris. J'ai fait beaucoup de scènes ouvertes, slam ou non et j'ai vu trop peu de gens en émerger. À présent, après nombre de quintettes, trios, septuors avec des poètes costauds, je me produis souvent en one man show ou en duo dans les cafés. Si l'hyperlien ne clique pas, allez jeter un œil sur insurrectionpoetique.mabulle.com. Cordialement