07 janvier 2007

Petit slamorama Ô Saint-Ciboire




Pendant que la gastro décimait le Canadien* qui encaissait sa deuxième défaite d'affilée, sur la scène du Saint-Ciboire, dans cette french lousy city, on se réchauffait slam dans une session libre en préparation de l'ouverture de la première saison de la ligue.

Sur le coup de 22h00, trois piliers slameurs ont tour à tour esquissé la belle humeur et l'allure un peu «toupie»de ce mouvement poétique en émergence au Québec.

Cela s'est joué 1, 2, 3, 1, 2, 3...

Ivy, le grand manitou de Slamontréal, facilement reconnaissable à son chapeau rouge pop art et à son enthousiasme surtout, a cassé la glace avec aplomb. Puis, en deuxième lieu, vint Frédérique Marleau,











une habituée de la scène poétique montréalaise. En deux temps trois mouvements, Frédérique a défendu d'une voix personnelle des textes surprenants de chair et d'os réincarnés. Mentionnons qu'elle a récemment fait paraître Visages de Marie aux éditions les Marchands de Feuilles.

Enfin, le trio de base des slameurs libres du Saint-Ciboire se composait d'un fort ailier gauche au coup de patin remarquable.
Tout ça avait rap chez Carlito qui a déjà slamé dans les nuits littéraires parisiennes.

Du haut de la passerelle, il fut pour moi une heureuse découverte. Son écriture est en mouvement, sombre, claire, drôle, tout à fait achevée. L'auteur pigmente ses charges de rythmes et de fausses chutes qui se défoncent chemin faisant. Son slam de «sexe», cochon à souhait, épuisant toutes les possibilités lexicales du Don Juan, toujours brûlant de poésie, ou bien celui plus dramatique sur la vie qui passe, la perte d'un être cher, fraternel, insistant sur la beauté du monde. Affreusement poétique, ce Carlito.

Étant attablé tout près de moi, j'ai pu aussi observer son sens de l'écoute, son intérêt pendant que ses camarades slamaient sur la scène.

Cette espèce de dialogue de fond me semble faire partie du slam si tant est que les passes des uns et des autres «dépassent» l'expression du je abracadabrant.

Dans le même sens, à voir aller Ivy, il est tout aussi évident qu'il est d'emblée un joueur d'équipe franchement intéressé par le mouvement global des poètes slameurs.

C'est solidement bien parti.

D'autres slameurs se sont faufilés et mériteraient que l'on souligne leur apport. Mais le tout s'est déroulé tambour battant sans présentation.

À l'intermission, wow! une méprise personnelle a été crevée. Merde! Nina, si présente à Train de nuit, se trouvait avec son sourire insistant à la table voisine avec Mély, sa comparse. Et moi, je dormais au gaz! Nous ne nous étions jamais rencontrés. Nina est venue me voir à l'intermission et ce fut , sur le plan personnel, le clou de la soirée. Tous les trois, nous assistions pour la première fois à une soirée slam.

La seconde partie de la session était ouverte au public, sans juge, sans sifflet. Super belle initiative qui montre que plusieurs cherchent des lieux pour s'exprimer. Toutefois, avec cette belle liberté, il aurait été pertinent de rappeler, même en douce, quelques spécificités du Slam que l'on vise à introduire. Sur la bonne douzaine de participants, il y a eu des longueurs, des «récitations»... Mais il faut du courage pour monter sur la scène et plusieurs se mouillaient pour la première fois.

J'ai retenu, entre autres, un slameur dont le nom est Polo,
très efficace, qui est venu haranguer en jouant sur les mots «impro» et «amateur». Exemple brillant d'un slam qui peut mener le diable tout en riant.






« Il ne s'agit pas de diviser les poètes, mais de les réunir autour de la poésie !
Tout participant, peu importe son sexe, son âge, sa couleur, sa religion, ses opinions, ses préférences sexuelles, son apparence, est un poète actif et vivant.
Il n'y a ni gagnant ni perdant !!! La vedette, c'est l'art poétique. »
F.F. de Slam Poésie


Rappelons que la première soirée mensuelle et officielle, section Montréal, aura lieu au Patro Vys le 15 janvier prochain.
* En observant bien l'écran télé sur la photo du haut, on peut voir la Ste-Flanelle en train de perdre...

crédit photos : jd

12 commentaires:

Nina louVe a dit...

Il est beau ce billet Jack. Le don de relater, de tirer le meilleur.

Carlito fut pour nous aussi une belle découverte. Pas dans la rime facile, ingénieux, intéressant, une agréable théâtralité, de bons silences précisément où il en faut. Cadence, rythme. Bref, mon coup de coeur.

Bravo à IVY qui met ses trippes et son temps à promouvoir ce "drôle" de phénomène qu'est le slam.

Anonyme a dit...

Jack était bien entouré ;)

Jack a dit...

De tous, Jack était le mieux entouré.

Jack a dit...

Merci Nina. Spectatrice vierge du slam. Comme Mély. Comme moi aussi. Pour reprendre tes propres mots.

Jack a dit...

Tu vois Onassis, c'était une table de vierges du Slam!

Anonyme a dit...

Je suis jaloux...

Anonyme a dit...

Cher Jack...(Frost)...C`est moi ...Noires Poésies....J`ai osé vous un de mes cd laissés,supposant que du talent j`ai....Franchement...quand donc pensez-vous???...Vous savez, j`avais des textes beaucoup plus appropriés pour cette soirée slam, mais j`ai plutot opté pour mes poemes dit classiques, hors donc je me suis mis hors-compétition, trop provocateur le mec, et quelque peut insouciant, ....Merci beaucoup d`avoir partagé avec moi quelques instants de cette assez spéciale soirée....J`ai, de toute évidence, réussis a rejoindre votre...Train de nuit...espérant donc notre connection longue et fructueuse...Votre blogue est des plus intéressant, et je continuerai donc a suivr vos articles et commentaires avec beaucoup de joie et dz`appréciation....Longue vie a votre audace, et a votre démarche....Yvon Jean....Noires Poésies......F.T.W

Jack a dit...

Cher Yvan, vous avez trouvé la gare et pris le bon Train. Merci d'avoir fait le saut. Ne soyez pas si sévère avec votre passage au St-Ciboire. C'était une session libre et le slam est émergeant. J'ai été impressionné par la force de votre voix. Je n'ai pas eu le temps, pardonnez-moi, d'ouvrir votre CD que j'ai sur ma table, en face de moi. J'y viendrai. Mais ayant un aperçu de votre «locomotion», je serais curieux d'entendre un texte dont le registre serait autre que l'exhortation ou la harangue. Comment faire place à la légèreté, à l'esquisse, au turlutage, au gazouillis même avec une telle force dans la voix? Je vous sens baril d'indignation. Mais comme les mots sont d'abord des actes (et non pas des états mentaux comme plusieurs le croient à tort), ce vecteur qui vous caractérise peut être entendu comme éclat de violence, comme pure agressivité ou ressentiment acide. Est-ce l'effet que vous souhaitez réverbérer? Voilà pourquoi je me pose la question : que serait dans votre bouche une poésie aux voyelles de Rimbaud? Je vois la poésie comme un masque. Au sens où les acteurs grecs classiques portaient un masque pour identifier leur personnage et faire porter leur voix, les microphones n'existant pas à l'époque. Je pique cette image à Jean-François Malherbe, un philosophe que j'aime beaucoup. Or, plus on est conscient des jeux de langage à l'oeuvre dans nos écrits, plus on est à même de faire varier les «rôles», les «masques» que l'on porte. Plus on est à même d'engager le dialogue avec l'auditeur. (Il faut toujours compter sur l'intelligence des auditeurs souvent bien plus grande que celle de l'auteur). Dans les textes que vous m'avez donnés, pour que je puisse en parler autrement que superficiellement, il faudrait d'abord que j'apprenne en quelque leur langue. Que je veuille et puisse entrer sous votre masque. À l'oeil, en congruence avec votre voix directe, on trouve de part en part le goût d'une poésie de blues black. Très black. Avec des jeux de mots,une licence du poète qui éparpille parfois le jeu au lieu de l'orienter comme une flèche : «Tout rampe tant/ Qu'aussi coule/ Que marcher j'ai» Chacun écrit, chacun cisèle son masque. Je suis incapable d'écrire dans le même sens que vous. Je ne pourrais pas décider d'écrire plus black que blues. Il me faut du vivant en marche, des pas en pleine lumière, de la lumière autour de mes pauvres mots. Le trépas, parfois je le signale puisqu'il est toujours derrière nous, mais je m'en crisse si tant est qu'il est question de poésie et non de peine à pleine brouette. Le vide, l'absurdité, les vers dans le ventre se mesurent et se communiquent. Mais le «jejeje» souffre, moi petite voix sans échelle, je m'en crisse si tant est qu'on parle de poésie. Cependant, nous sommes tous égaux sur le chemin, dit encore Malherbe. Au sens où chacun marche à son rythme. L'important étant de marcher. Pour piquer une autre idée à Michel Garneau cette fois, de mon point de vue, la touche de base sur le clavier, c'est la voix personnelle du marcheur. C'est la seule chose en définitive que nous pouvons espérer partager avec les autres. Mais comme nous sommes des êtres médiés par le langage, il nous faut porter des masques pour se reconnaître.

Merci pour vos bons mots à l'égard de Train de Nuit. Vous êtes en tout temps le bienvenu.

Anonyme a dit...

Voici un texte plus lumineux...
Et grand merci pour vos commentaires...
J`ai vraiment beaucoup apprécié votre réponse, cela dénote beaucoup de générosité de votre part.
Longue vie a Train de Nuit


Souvenir…


Tendre fut sa main
Brillants ses yeux
Sourire en coin
Que nous deux

Nos cœurs battants
Seul au monde
Pour un instant
Nos âmes se fondent

Elle ma dit tout
Ai répondu tant
Ivre d’amour saoul
Amoureusement

Sans autre peur geste
Ne qu’un faisant
Demeure et reste
Éternellement

Souvenir le plus cher
Le plus beau moment
Nos confondus chaires
Ensemble s`endormants

Au de nos sons souffles
Comme si l’amour existait
Légère brise, braise douce
Comme si de toi j’étais

...Yvon Jean...Noires Poésies...

Anonyme a dit...

Sur la scène du Slam francais l'on peut retrouver "Grand corps malade" l'incontesté mais lorsque la scène du Slam canadien ce fera plus grande l'on entendra parler "Carlito" (Slameur, compositeur et instrumantaliste...), donc si vous devez retenir quelque chose de ce message c'est tout simplement "Carlito"
Signé Yougi

Jack a dit...

Carlito,cest indéniable, est une étoile. Le Grand Corps Malade fera sa rentrée montréalaise au Monument National à l'automne. Bienvenu Yougi, et merci de votre visite.

Anonyme a dit...

Merde j'ai failli manqué ce billet. Tout d'accord avec Onassis.