28 février 2007

Bourrés!





Suites brésiliennes. Sous-titre : mourir n'est pas rien. Dernier mot de Salvador de Bahia.

Il est quatre heures du matin. À l'heure du coq que j'entendais à Recife, je me lève avec quelques dettes dans les poumons. Je (éo) suis venu au Brésil dans l'idée de voir du monde. Pas des souliers accrochés dans les musées. Tiens un gato griffe le silence de la noite. Une espèce de cafard roux traverse la pièce en catimini. Je me réveille après avoir bu. Je me rendormirai. Rita et Claudio ont fait une fête à mon intention. Je veux en dire un mot. Pourrais-je jamais leur rendre la pareille? Bahia a la réputation de faire fête de tout "boit". Je ne le nierai pas. Ils m'ont eu, les vlimeux. Entre autres, j'ai revu Marcilla, architecte, et son chum Mauri, un artiste en arts plastiques pas piqué des vers.

J'ai revu Mario, un homme de radio et de tv éducative, un bollé de la musique brésilienne. J'ai revu Philippe, 19 ans, second fils de Claudio qui a un feu sauvage et la langue boutonneuse. Il a trop embrassé de filles au Carnaval! J'ai revu Lucianus, celui qui me fit conduire son catamaran. J'ai connu avec grand plaisir la dramaturge et poète Calcilda Povoas, auteur de O olhar inventa o mundo (P555, 2002).


À un moment donné, Claudio me dit : "Tu t'es fait des amis."

Touché.

Plus tard, après que Kanasuta de Desjardins (la vidéo) ait été emmêlé à nos échanges bien arrosés et aussi bien boucanés qu'un jambon de Pâques dans un baril, Claudio a dit : "Excuse-nous. Nous sommes tous bourrés". Fais-toi en pas, que je dis. Moé avec.

Je suis venu ici pour voir du monde. J'ai entrevu par centaines ces gens de l'autre Brésil comme ce petit jongleur de cocos qui a des cannes si petites, un t-shirt trop grand. Il se poste au milieu de la rue et fait son numéro, espérant séduire par son adresse un automobiliste pour qu'il lâche un trente sous.

Ce Brésil pauvre inquiète. Parmi des centaines d'évocations possibles, une scène au début du film Central do Brasil, un chef-d'oeuvre, montre un ado qui vole une niaiserie dans un marché public. Deux gros boeufs attelés à la job rattrapent le jeune, le coincent et l'abattent illico comme un rat. "Hélas, cette réalité existe au Brésil, même à Bahia", commentera Claudio.

On peut certes faire un voyage au Brésil dans le confort occidental standard et tenter de se boucher le nez. Mais on serait ainsi coupé de l'imagination de ce peuple de la débrouille qui inspire les mieux nantis de la génération de Claudio. Claudio aurait pu avoir une situation au Québec après ses études doctorales en éthique. Il a préféré rentrer parce qu'il pense pouvoir contribuer à transformer le Brésil.

Voilà le Brésil que j'ai vu. Une bien petite goutte de la réalité d'un grand pays à la fois cruel et profondément amical. La fatigue m'empêche de dire mieux.

5 commentaires:

Tommy a dit...

:)
so, are you back en la nieve ?
J'ai reçu une photo de mi primo ayer devant les chutes Iguazu. Bordel.

Je veux voir ce film, central do brasil. Si.
Vous me donnez le goût de partir para la america del sur, je l'avais perdu depuis longtemps. À cause de Kant. Jajaja.

Anonyme a dit...

Es-tu de retour Mr Globbe-trotter :) ?

Anonyme a dit...

Salut Papa !

J'ai entrevu un peu tes aventures mais je suis tres contente de te lire ici.

J'ai fierement montre ta photo a nos amis Australiens du quatrieme etage.

J'appelle demain a la maison ! Bon retour sain et sauf !

Je t'embrasse,
Noe

Anonyme a dit...

J'ai adore tes textes.

Prends soin de toi. Tu ecris (ou c'est lui, tu es plus vieux) a la maniere de Guillaume Vigneault. J'adore.
Bonne nuit !

Noe xxxx

Jack a dit...

Si, je suis là. C'est-à-dire ici.